Après une matinée relativement calme à travers l'ensemble des localités de la wilaya de Béjaïa, des émeutes ont repris de plus belle dans certains centres urbains dans l'après-midi. En effet, Souk El-Tenine, Aokas et Tichy sont des régions de la côte est de Béjaïa qui ont renoué avec la protesta. Les affrontements entre émeutiers et forces antiémeutes ont repris de plus belle causant des blessures légères des deux côtés, mais aussi des arrestations. Quant au chef-lieu de wilaya, les jeunes collégiens et lycéens n'ont pas manqué de rejoindre leurs aînés pour croiser le fer avec les forces de l'ordre. Les manifestants sont revenus à la charge en début d'après-midi pour assiéger le siège de la wilaya, littéralement bombardé par des jets de pierres et autres projectiles. La veille, des affrontements entre émeutiers et les éléments des brigades antiémeutes au centre-ville de Béjaïa se sont poursuivis jusqu'à une heure tardive. émeutes qui se sont soldées par l'incendie du centre de formation professionnelle garçons et le pillage de la SNTA où les “insurgés” se sont partagé le butin. De nombreuses arrestations, selon des sources sûres, ont été opérées dans les rangs des manifestants. On a enregistré, en outre, plusieurs blessés chez les jeunes manifestants mais aussi du côté de la police. Dans la vallée de la Soummam, des émeutes d'une rare violence continuent à secouer la ville d'El-Kseur où, la veille, le siège de daïra a été complètement carbonisé. Les manifestants ont assiégé, hier, le commissariat de la ville qu'ils ont lapidé, comme toujours, de pierres et de cocktails Molotov. à l'est de Béjaïa, les villes de Souk El-Tenine et Aokas ont renoué, elles aussi, avec les affrontements entre policiers et émeutiers dans l'après-midi. C'est le moment que choisissent les jeunes de Tichy pour rejoindre la protesta. S'ils se sont tenus à l'écart depuis quatre jours, la tentation a été forte. On a appris de sources locales que les émeutes ont été d'une rare violence. à l'instar des autres localités secouées par les émeutes, de nombreux édifices publics ont été saccagés ou carrément incendiés dans le sillage des émeutes. Par ailleurs, la société civile et les élus s'impliquent. La ville d'Akbou a été totalement paralysée durant toute la journée d'hier, par une grève générale à laquelle avaient appelé, la veille, les membres de l'assemblée populaire communale pour marquer et manifester leur regret et leur refus de tout éventuel dépassement que pourrait engendrer cette situation explosive qui prévaut dans la région. En effet, à l'issue d'une session extraordinaire de l'APC d'Akbou, les élus y siégeant ont décidé de rendre publique une déclaration invitant la population locale à observer une journée de grève générale hier, et ce, “suite aux évènements déplorables, découlant de revendications légitimes (cherté de la vie, chômage, etc.), que connaît notre pays en général et notre commune en particulier”. En outre, les membres de l'APC d'Akbou ont tenu, à travers leur déclaration, à appeler leurs concitoyens à “la vigilance, la solidarité et la cohésion sociale pour la préservation des biens et acquis primordiaux des citoyens et citoyennes”. à noter que dans l'après-midi d'hier, une réunion regroupant les élus locaux, les notables de la ville, les responsables des différents comités de quartier et village ainsi que des représentants de la société civile de la région, s'est tenue à la maison de jeunes Abderrahmane-Farès d'Akbou. Cette rencontre avait pour objectif la structuration et l'encadrement de ce mouvement de protestation afin de lui donner un caractère pacifique à même de porter les revendications légitimes des citoyens algériens. “Nous voulons encadrer ce mouvement populaire pour éviter tout dérapage. En tant qu'élus, il est de notre devoir de nous solidariser avec nos concitoyens et de les accompagner dans leur lutte pour une vie meilleure”, a confié, hier, Zahir Benkhellat, un élu à l'APC d'Akbou.