Le geste désespéré de cet agent de sécurité est un acte de protestation, contre l'administration, qui lui a refusé une aide pour soigner sa fille handicapée. Un agent de sécurité répondant aux initiales de L. M a tenté hier matin, aux environs de 8h, de mettre fin à sa vie ainsi qu'à celle de sa fille, handicapée moteur, devant l'entrée réservée aux employés de la direction. Les choses auraient pu tourner au drame, n'était-ce l'intervention de deux de ses collègues qui ont réussi à lui arracher le briquet, au moment où il s'apprêtait à en faire jaillir la flamme. Ce geste désespéré est un acte de protestation contre son licenciement après 18 ans de bons et loyaux services et le refus de la direction de l'assister dans la prise en charge de sa fille handicapée à 100%. Une situation qui a jeté l'émoi sur l'ensemble des travailleurs de la direction de la BDL qui, par solidarité ont, de manière spontanée, décidé de s'organiser et refuser de rejoindre leurs bureaux. Sur place, un mouvement de contestation s'est constitué, des banderoles placées sur les murs de la BDL réclamaient le départ du P-DG Bachatarzi et du DGA Messaouden. L'intervention du P-DG, après l'incident, en allant discuter avec l'employé n'a rien apporté de plus ; au contraire, sans que le P-DG ne le sache, l'action de protestation s'est bien élargies pour toucher quasiment toutes les agences de la Banque du développement local d'Alger, par signe de solidarité. Toutes les agences se sont mises en veilleuse avec un seul mot d'ordre, le changement. Au niveau de la direction générale à Staouéli, nous avons discuté avec les employés qui en avaient gros sur le cœur, réclamant tout bonnement le départ du P-DG Bachatarzi, tout en tirant à boulets rouges sur le syndicat de l'entreprise (UGTA). “Celui qui veut nous taxer de perturbateurs a tort. Nous, nous ne voulons pas faire de mal, ni à l'entreprise qui nous nourrit depuis des années ni à la personne. Ce que nous voulons, c'est de voir notre situation professionnelle s'améliorer. Il (le P-DG) gère cette banque d'une main de fer, c'est un dictateur, lui et son staff. Il a géré de manière catastrophique notre entreprise lui et son entourage, même si je reconnais que son entourage est composé de gens comme nous, des travailleurs de la BDL, à l'image de son secrétaire général. Y en a marre, c'est trop, voir des employés de la BDL qui tentent de s'immoler, ça c'est grave. Percevoir des primes de 12 000 dinars, juste parce que vous dites d'accord monsieur le directeur, c'est aberrant. Des gens mutés ou traduits devant le conseil de discipline sans n'avoir rien fait, c'est de la “hogra” et il faut que ça cesse. Des travailleurs sous contrat depuis 15, 16 et 17 ans, c'est quoi ça, c'est interdit”. Pour revenir à l'incident d'aujourd'hui, il s'agit d'un agent de sécurité en contrat depuis 17 ans avec un enfant handicapé, la direction menace à chaque fois de le licencier. Son salaire a été bloqué. Tout ça avec la complicité du syndicat. Le directeur a soudoyé tous les syndicalistes, notamment à travers des promotions, vous imaginez-vous, “un syndicaliste promu directeur central, il ne peut contrarier le directeur général”, nous dira l'un des employés de la direction générale. Bachatarzi Areslane : “La BDL ce n'est pas une usine” De son côté, M. Bachatarzi Areslane, président-directeur général de la BDL, a tenu à donner quelques précisions rejetant en bloque les accusations des travailleurs en grève. Il allait d'ailleurs recevoir une délégation composée de quelques travailleurs pour discuter avec eux et tenter de trouver une solution. M. Bachatarzi s'est dit étonné de la réaction de ses travailleurs, surtout que la direction ne lésine pas selon lui, sur les moyens pour améliorer les conditions de ses travailleurs. “Cet agent de sécurité qui a tenté de s'immoler est un cas que je connais parfaitement, il a été à l'agence d'El-Achour avant d'être muté vers, je crois, celle de Draria. C'est quelqu'un qui est déjà passé en conseil de discipline. Il y a une bonne partie des agents de sécurité qui sont sous contrat, il n'y a pas que lui, et puis il y a ceux qui n'ont pas régularisé leur situation vis-à-vis du Service national. Nous, nous voulons bien stabiliser le personnel et protéger notre entreprise, et c'est ce que nous sommes en train de faire. Pour ce qui est de la situation sociale des travailleurs, il y a une commission sociale mise en place qui gère ce volet, ce n'est pas nous. Les aides sont données, allez discuter avec les représentants des travailleurs qui sont en train de s'organiser, il n'y a pas de problèmes particuliers. Cela dit, on ne doit pas déstabiliser une banque qui a lancé de nombreux projets et des partenariats avec des étrangers. Ce sont aussi 4 400 personnes qu'il faut gérer dans 149 agences au niveau national. Pour revenir à l'agent qui a tenté de s'immoler, je l'ai rassuré personnellement, je lui ai demandé de rentrer chez lui et de prendre du repos. Je lui ai promis d'accélérer l'étude de son cas et d'en finir avec son problème. Il n'est pas question de le licencier. La politique de la banque est celle de la promotion. Je n'ai ramené personne de l'extérieur pour lui donner un poste de responsabilité, tous sont de la BDL. Il y a même des directeurs d'agence avec un niveau de 3e AS, mais compte tenu de leur expérience je les ai promus. Il y a des priorités à la banque, nous ne pouvons pas mettre n'importe qui dans n'importe quel poste, ce n'est une usine”, dira le P-DG de la BDL. Pendant ce temps, le mouvement de protestation continue, au risque de pénaliser les clients, revenus hier les poches vides. Affaire à suivre.