Le terme professionnalisme est en vogue depuis quelque temps dans le sport algérien, en général, mais particulièrement dans le football. Mais, peut-on parler d'une évolution positive de la situation, alors que cela fait moins d'une année que le passage à ce mode de gestion a été décrété ? Certainement, on n'est pas encore dans le temps des bilans. Toutes les équipes (à l'exception peut-être de l'USMA qui possède une petite avance sur les autres clubs) souffrent en ce début d'expérience. Même si on annonce l'ouverture des capitaux des clubs, on ne se bouscule pas au portillon. Le MCA, le club le plus populaire du pays, ne déroge pas à la règle. Pis encore, les responsables des Vert et Rouge éprouvent d'énormes difficultés pour subvenir aux besoins quotidiens du club, qui est appelé à honorer plusieurs échéances importantes, étant le dernier champion d'Algérie “amateur”. Les problèmes ont commencé en 2008, lorsque Sonatrach s'était officiellement retirée du Mouloudia Club d'Alger. Ce lourd legs pèse depuis trois années sur les épaules des dirigeants qui se sont succédé à la tête du vieux club algérois. Personne n'a réussi à mettre sur pied un programme qui pourrait faire du MCA un club structuré. Le Mouloudia a beau être le club avant-gardiste, la réalité montre qu'il est loin de suivre le projet de la professionnalisation du football national. Pour l'histoire, en 1977, lors de la réforme sportive prônée par l'Etat à cette époque-là, le MCA, par l'image qu'il véhiculait, avait été bien servi puisqu'il avait été confié à la plus grande entreprise industrielle du pays, Sonatrach. Le club est mis à l'abri sur le plan financier. L'argent coulait à flots. On pouvait gérer sans aucune difficulté le quotidien du club. La grande compagnie pétrolière pouvait même assurer le bon fonctionnement des 13 autres sections sportives et ce n'est certainement pas les titres internationaux décrochés par le handball, le volley-ball, la boxe, l'athlétisme et autres qui diront le contraire. Mais depuis 2001 (date qui a vu le MCA reprendre son statut de club civil) jusqu'à l'avènement du professionnalisme (en 2010), les dettes se sont accumulées et le MCA n'arrive plus à répondre aux conditions du cahier des charges imposé par les responsables du sport national. La dette générale, qui représente 16,4 milliards de centimes depuis le retour du club à la forme civile, l'a mis à genoux. D'ailleurs, on se demande si Sonatrach n'avait pas repris les 13 autres sections, que serait-il advenu ? Plusieurs amoureux de ce club ont parlé de trahison. Ils accusent les avides de notoriété et d'affairisme de n'hésiter devant rien pour assouvir leur appétit, même si cela doit se faire sur le dos du club, de son histoire et de sa renommée. Ils étaient outrés par l'attitude de ceux qui ont décidé de lâcher les 13 sections sportives du MCA au profit d'un groupement sportif des pétroliers. Selon eux, la récupération du sigle devrait être négociée et suivie de mesures d'accompagnement dont l'évaluation de tous les titres gagnés par le MCA, toutes disciplines confondues, durant 31 ans sous le règne de Sonatrach. Le Mouloudia a beaucoup perdu dans cette histoire. De l'argent, c'est sûr, mais surtout le palmarès le plus riche du pays, où on compte des titres nationaux, continentaux et mondiaux, qui a été légué à d'autres. Le constat est amer. Celui qui devait constituer la locomotive du football algérien se dresse comme un épouvantail devant les investisseurs, qui affichent de grosses craintes. Ces derniers, et c'est tout à fait légitime, refusent de s'aventurer dans un projet aux lendemains incertains. Désormais, le MCA est en train de charrier une image négative, celle d'un club à hauts risques. Il est vrai que ce n'est pas du jour au lendemain qu'on va parvenir à professionnaliser le Mouloudia. Il y a des étapes à franchir et des paramètres à réaliser. Le problème financier constitue l'actualité du Mouloudia. Le club n'arrive même pas à verser les salaires de ses employés. Pis encore, les dirigeants ont rencontré toutes les peines du monde à réunir l'argent nécessaire qui a permis à l'équipe d'effectuer le déplacement en Bangui pour disputer le match du premier tour de la Ligue des champions d'Afrique. Les habitudes et les mentalités n'ont pas changé et c'est le point qu'il faut impérativement régler. Il n'y a pas de recette magique pour devenir professionnel. Il y a des démarches à suivre et des exigences à remplir.