Le secteur de la pêche traverse une situation des plus déplorables au niveau du port de Bouzedjar dans la wilaya de Aïn Témouchent, selon les déclarations du premier responsable de la chambre d'Agriculture. D'ailleurs, l'impasse faite sur le port, par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques lors de sa récente visite dans la wilaya de Aïn Témouchent, a été diversement interprétée par les professionnels. Ces derniers qui l'attendaient de pied ferme n'ont pu hélas faire entendre leur voix quant aux multiples problèmes auxquels ils font face. Ce n'est un secret pour personne que le secteur de la pêche est un monde fermé car seuls les initiés sont aptes à définir les raisons pour lesquelles le poisson bleu se fait de plus en plus rare. “Regardez les dauphins là-bas”, nous indiquera du doigt M. Mankouri, président de la Chambre d'agriculture. “La présence de ces cétacés prouve que le poisson existe bel et bien dans cet endroit. Les raisons de cette rareté sont donc ailleurs”. En termes de production, le port de Bouzedjar a connu une baisse sensible durant les cinq dernières années avec 27 886 tonnes en 2006 contre seulement 10 826 tonnes enregistrées en 2010, dont une production de 7 015 tonnes réalisée par les sardiniers. Au vu de l'évolution de la flottille durant cette même période, soit 345 embarcations en 2006 contre 313 en 2010 entre thoniers, chalutiers, sardiniers, ce sont ces derniers qui tendent vers la disparition (200 en 2006 contre 132 en 2010). À ce titre, on nous apprend que 90 petits métiers acquis dans le cadre de la solidarité ne sont plus comptabilisés. Sur un autre registre, le président de la Chambre de pêche nous informe que le chalutier Neptune V accosté au niveau du port et réalisé par les Turcs à coup de centaines de millions dans le cadre de la relance économique, présente plusieurs défauts car dépourvu de son treuil et ce, au même titre que deux autres bateaux livrés clés en main sans armement et qui ont dû être remorqués par un cargo. M. Mankouri nous fera savoir que 80% des embarcations n'ont pas bénéficié de soutien de l'Etat et donc ont été financés grâce à des fonds personnels. Aussi, en plus de l'absence d'eau potable, de bouches d'incendie alors que la majorité des embarcations sont conçues en matière plastique et en bois, 2 000 marins-pêcheurs et ce, faute de transport, font plus de 3 km à pied entre le port et leurs domiciles situés dans les localités de Bouzedjar et de Houaoura. Enfin, notre interlocuteur nous révèlera que “20 chalutiers appartenant à une catégorie d'armateurs d'autres régions et non encore identifiés sont abandonnés au niveau du port depuis plusieurs mois, gênant considérablement l'activité des pêcheurs notamment en ce qui concerne le débarquement quotidien de la marchandise”. Et dire que les mandataires du port de Bouzedjar demeurent les seuls à avoir régularisé leur situation vis-à-vis du registre du commerce comme cela a été confirmé par M. Mankouri.