Le maréchal Mohamed-Hussein Tantaoui, chef du conseil militaire auquel le président Hosni Moubarak a confié le pouvoir vendredi, est un pilier de l'appareil militaro-politique égyptien, réputé rétif au changement. Àgé de 75 ans, il est ministre de la Défense depuis 1991. Il est aussi à la tête du Conseil suprême des forces armées, une instance qui réunit les principaux chefs militaires, à laquelle le président Hosni Moubarak a confié la charge des affaires du pays en démissionnant. L'armée s'est engagée vendredi à ne pas se substituer à la “légitimité voulue par le peuple” et à prendre des mesures pour mettre en place les “changements radicaux” réclamés par les manifestants, mais son chef est un proche de longue date du président déchu. Officier de l'armée de Terre, le maréchal Tantaoui a participé aux conflits de 1956 (canal de Suez), 1967 (guerre des Six Jours) et 1973 (guerre du Kippour). Un télégramme diplomatique américain révélé par WikiLeaks, datant de 2008, jette un peu de lumière sur cet homme aussi secret que l'institution qu'il dirige. Le document le décrit comme “charmant et courtois”, mais aussi “âgé et résistant au changement”. “Moubarak et lui se focalisent sur la stabilité du régime et le maintien du statu quo jusqu'à la fin de leurs jours. Ils n'ont tout simplement pas l'énergie, l'inclination ou la vision du monde pour faire les choses différemment”, poursuit le document. L'armée qu'il dirige est largement aidée par les Etats-Unis depuis les accords de paix avec Israël en 1979. Washington lui octroie actuellement 1,3 milliard de dollars d'assistance par an. Vendredi, le ministre, reconnu par des manifestants alors qu'il circulait près du palais présidentiel au Caire, a salué la foule qui célébrait le départ du président Moubarak. La plupart des adversaires du régime ont salué la retenue de l'armée pendant le soulèvement, contrairement à la police, accusée de nombreuses violences. De nombreuses scènes de fraternisation entre la foule et l'armée ont marqué les manifestations. Malgré l'aura de l'institution militaire dans l'opinion, l'austère maréchal aux allures d'apparatchik aura du mal à rivaliser aux yeux de la jeune génération avec les cyber-militants qui ont initié la révolte, comme le cadre de Google Wael Ghonim, devenu une icône en quelques heures après être sorti de détention.