Le vice-président égyptien Omar Souleimane a annoncé vendredi à la télévision la démission du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de trente ans. Le raïs "a décidé de renoncer à ses fonctions de président de la République", a dit Souleimane, et a chargé le Conseil militaire suprême de prendre en charge les affaires publiques "dans les circonstances difficiles que traverse le pays". Le président Moubarak a quitté Le Caire avec sa famille, selon une source proche du gouvernement, confirmant une information de la chaîne Al-Arabiya. Quelques minutes avant, la même chaîne avait annoncé qu'Hosni Moubarak avait quitté l'Egypte, avant de rectifier. Quelques heures auparavant, l'armée égyptienne avait décidé de soutenir le choix du président Hosni Moubarak de rester à la tête de l'Egypte jusqu'à la fin de son mandat en septembre prochain, tout en confiant les pouvoirs au vice-président Omar Souleimane. Dans son communiqué, le conseil suprême des forces armées reconnaît le transfert de pouvoir du président Hosni Moubarak à son vice-président, annoncé jeudi soir, et des élections libres et justes, soutenant ainsi la transition pacifique prônée par le raïs. L'armée appelle les services publics à reprendre, exhortant au "retour à la vie normale afin de préserver les réalisations de notre glorieux peuple". Par ailleurs, un commandant de l'armée égyptienne ayant rejoint les rangs des manifestants place Tahrir, au Caire, a assuré vendredi qu'une quinzaine d'officiers de rang intermédiaire avaient fait de même. "Le mouvement de solidarité des forces armées avec le peuple a débuté", a déclaré par téléphone à Reuters le commandant Ahmed Ali Shouman, juste après les prières de l'aube. Jeudi soir, Shouman avait annoncé à la foule réunie sur la place centrale de la capitale qu'il avait remis son arme et se joignait aux manifestants réclamant la démission du président Hosni Moubarak. La foule l'avait porté en triomphe. Un autre commandant s'était ensuite approché en déclarant: "J'ai rejoint la cause moi aussi." "Une quinzaine d'officiers ont rejoint la révolution du peuple", a déclaré Shouman vendredi, précisant que leurs grades allaient de capitaine à lieutenant-colonel. "Nos objectifs et ceux du peuple sont les mêmes." "Ce qui nous pousse à rejoindre la révolution du peuple est le serment d'allégeance que nous avons tous prêté en rejoignant l'armée: protéger la nation", a-t-il encore expliqué. Shouman, qui a dû montrer ses papiers militaires à quelques manifestants soupçonneux, est militaire de carrière depuis 15 ans. Il était chargé de la surveillance de l'entrée ouest de la place Tahrir.Les manifestants de la place Tahrir au Caire ont rejeté jeudi soir l'annonce du président Hosni Moubarak qu'il déléguait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, exigent le départ dans l'immédiat du chef de l'Etat. Les manifestants qui ont envahi par centaines de millier la place Tahrir ont rejeté le discours du président Moubarak et demandé son retrait immédiat du pouvoir, affirmant que l'allocution n'était pas à la hauteur de leurs aspirations. Des manifestants scandaient "Jusqu'au palais (présidentiel), nous nous dirigeons, des martyrs par millions", en référence à la marche prévue vendredi et qui sera vers le Palais présidentiel dans Masr al-jadida, malgré les mesures de sécurité déployées. Des milliers de manifestants sont sortis furieux, du syndicat des journalistes de la rue Abdelkhalak Tarwat en direction de la place Tahrir pour exprimer leur refus du discours de Moubarak en réaffirmant leurs exigences, dont son retrait immédiat. Le président égyptien Hosni Moubarak a annoncé jeudi soir dans une allocution à la nation qu'il déléguait ses pouvoirs à son vice-président Omar Souleimane, conformément la Constitution, ajoutant qu'il demandait l'amendement de cinq articles de la Constitution (76, 77, 88, 93, 189) et l'annulation d'un sixième (179). Pour sa part, le vice-président égyptien Omar Souleimane, auquel le président Hosni Moubarak a délégué ses pouvoirs jeudi soir a indiqué qu'il s'engageait a assuré une transition pacifique du pouvoir conformément à la constitution. M. Souleimane a, dans une déclaration télévisée, assuré que le mouvement des jeunes du 25 janvier a réussi un grand changement dans le processus démocratique dans le pays, invitant les jeunes manifestants à rentrer chez eux.