Les mesures prises par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à l'issue d'un Conseil des ministres tenu mardi, ne sont, aux yeux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) rien d'autre que “des effets d'annonce”. “Faute de voir arriver des réponses adaptées à un système politique bloqué, les Algériens assistent à une véritable dilapidation du budget de l'Etat dopant des clientèles assommées par la levée en masse de nos concitoyens, toutes catégories confondues”, dénonce le RCD, dans un communiqué rendu public hier. Et d'ajouter : “Pendant que, de Rabat à Téhéran, les peuples de toute la rive sud de la Méditerranée luttent et s'organisent pour se libérer des dictatures et de la corruption, le pouvoir algérien louvoie et manœuvre pour essayer de prolonger sa survie et retarder l'échéance du changement.” Le parti de Saïd Sadi a aussi durement condamné la répression par les polices de toutes les manifestations publiques organisées ces derniers jours à Alger. “Ebranlés, les dirigeants imposent chaque samedi à la capitale un état de siège au moment où ils annoncent la levée de l'état d'urgence tout en s'égarant dans des effets d'annonces sans consistance ni cohérence”, souligne-t-il. Les dernières confidences de Bouteflika faites à Jean-Pierre Raffarin n'ont pas été du goût du RCD qui ne s'est pas fait prier pour envoyer une pic au responsable français qui n'a pas dénoncé la répression violente de la marche du 19 février. Très critique, Djamel Ben Abdessalam, secrétaire général du Mouvement El-Islah, estime, dans une déclaration faites à l'APS, que les décisions du chef de l'Etat “sont insuffisantes et ne répondent pas aux aspirations du peuple algérien à un changement réel”. Pour sa part, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'est félicité de la décision de la levée de l'état d'urgence prise par le chef de l'Etat qui est, explique-t-il dans un communiqué, “un indice du rétablissement de la stabilité et de la sécurité dans le pays”. Pour lui, cette décision est de nature à “dynamiser l'activité politique”. L'importance accordée aux questions de l'emploi et du logement est une preuve, aux yeux du RND, que les pouvoirs publics ne ménagent aucun effort “pour répondre aux besoins pressants” des citoyens. Le Mouvement pour la société de la paix (MSP) s'est, lui aussi, félicité de la levée de l'état d'urgence. “Il s'agit d'un important pas franchi sur la voie des réformes”, soutient son chargé de communication, Mohamed Djomaâ, dans une déclaration à l'APS, non sans ajouter que l'Etat “a honoré ses engagements dans tous les domaines”. Quant à l'UGTA de Abdelmadjid Sidi-Saïd, elle a fait preuve d'une satisfaction béate. La Direction nationale de l'UGTA accueille avec satisfaction et soutient, au nom des travailleurs et de leurs familles, les décisions prises par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, “lors des Conseils des ministres relatifs à l'emploi, notamment à l'endroit de la jeunesse, à l'accès au logement, à la préservation du pouvoir d'achat et à la relance de l'économie nationale. Toutes ces mesures sont de nature à conforter la cohésion sociale, la solidarité des Algériens, raffermir la stabilité nationale et impulser une dynamique nouvelle créative de richesses pour la nation”, note la Centrale syndicale.