Dans des déclarations à l'agence de presse portugaise LUSA, le chef de la diplomatie marocaine a affirmé que son gouvernement était favorable à la normalisation avec l'Algérie, à travers notamment la réouverture des frontières. Après un long silence, marqué par l'absence totale d'échanges de visite des membres de gouvernements des deux pays depuis le séjour du secrétaire d'Etat algérien chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, au Maroc en août dernier, au cours duquel il avait particulièrement évoqué le dossier des terres d'Algériens spoliés par le makhzen, Rabat et Alger semblent reprendre langue. Emboîtant le pas au chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, qui avait indiqué que les deux gouvernements se sont mis d'accord sur de nouveaux échanges ministériels, son homologue marocain, Taïeb Fassi Fihri a déclaré dans un entretien accordé à l'agence de presse LUSA, lors de sa visite de travail au Portugal, que le gouvernement marocain est favorable à la normalisation des relations avec l'Algérie et la réouverture des frontières. “Le Maroc est en faveur de la normalisation des relations avec l'Algérie et la réouverture des frontières”, a souligné le ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Tout en rappelant que la question du Sahara divise les deux pays, Fassi Fihri estime qu'“un Maghreb intégré est une nécessité stratégique et un impératif économique”. Au sujet du conflit du Sahara occidental, le ministre marocain met l'accent sur l'importance du processus de négociation afin de parvenir à une solution rapide et définitive à la question du Sahara marocain. Côté algérien, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a affirmé que l'Algérie travaille à accroître ses relations avec “ses amis et frères marocains”, et que les deux pays ont convenu d'une initiative politique destinée à renforcer leurs relations bilatérales. Il indique ainsi que cela “permettra à trois ministres de se rendre dans les deux pays en mars prochain pour discuter des moyens nécessaires d'insuffler une nouvelle dynamique aux relations bilatérales dans des domaines sensibles, notamment l'énergie et l'agriculture”. Le ministre algérien des Affaires étrangères révèle que dans le but de favoriser un climat positif qui permettra de renforcer la coopération économique et sociale entre les deux pays, une première visite sera effectuée par des responsables du secteur de l'énergie, puis sera suivie par des visites de responsables de l'agriculture, de l'éducation et de la jeunesse et des sports. Il n'a cependant pas évoqué les sujets sensibles entre les deux pays, comme l'ouverture des frontières fermées depuis août 1994 et l'épineux dossier des terres agricoles des Algériens résidant aux Maroc, qui ont été spoliés par le gouvernement marocain. Réclamant la restitution pure et simple de leurs biens et non une indemnisation, les Algériens attendent que la question soit traitée à un haut niveau par les deux pays. En attendant, les deux capitales donnent l'impression de vouloir avancer dans la voie d'une normalisation, comme l'indique cette déclaration du ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, qui a assuré que Rabat était prêt à accueillir des membres du gouvernement algérien pour commencer, “notamment dans la mesure où existe une volonté des deux côtés pour échanger prochainement des visites au niveau des deux gouvernements”. Cela étant, le Maroc demeure le plus important partenaire commercial de l'Algérie en Afrique, avec un volume officiel d'échanges entre les deux pays dépassant 570 millions de dollars, outre des échanges informels que certains estiment à 2 milliards de dollars.