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Mieux vaut en rire !
Les lauréats au baccalauréat au 13e échelon :
Publié dans Liberté le 12 - 03 - 2011

En moins d'une décennie (2000-2010), 7 ministres de la Santé publique en Algérie se sont succédé, dont des ministres profanes en sciences médicales ont le plus parlé de “l'industrie pharmaceutique” en Algérie et certains l'ont même inscrite dans leur programme du ministère de la Santé. Mais, dans la réalité, leurs discours n'ont pas été suivis d'effet, car ces ministres ont tous brillé par leur incompétence en matière d'élaboration et de gestion analytique d'un programme de formation de pharmacien industriel dans nos facultés de médecine.
Ces derniers, profanes en matière médicale, ont de notoriété publique saboté l'action qui préoccupe l'hospitalo-universitaire qui a le plus milité pour l'intérêt de la santé publique des Algériens, et, surtout, qui a été le premier à mettre les moyens pédagogiques nécessaires au développement de la formation médicale en Algérie.
“À l'horizon 2020, l'industrie pharmaceutique connaîtra une relance qui permettra une couverture à 100% des besoins du marché pharmaceutique national. Grâce à l'édification d'une industrie nationale en partenariat avec des laboratoires étrangers, l'Algérie arrivera en 2014 à couvrir près de 70% de ses besoins en médicaments.” Ces propos émanent du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière.
Le problème d'un réel décollage nous paraît pour le moment insoluble. Il ne peut trouver de solution que le jour où le transfert de technologie, comme dans d'autres secteurs techniques, sera accepté et possible.
Les collaborateurs actuels du ministère de la Santé n'ont jamais appliqué les directives de notre confrère et ministre de la Santé en ce qui concerne l'application du décret exécutif n°92-286 du 06/07/1992, par exemple.
Nombreuses sont les difficultés de soins rencontrées dans nos hôpitaux et les perspectives envisagées pour rehausser le niveau de la thérapeutique et pour permettre à nos malades d'avoir la place qu'il faut au sein d'une société saine.
Parmi ces difficultés rencontrées même dans nos facultés de médecine, la carence de l'enseignement de base en thérapeutique.
Depuis des siècles, les soins par les molécules de “synthèses” ont contribué au déclin de la thérapeutique qui connaît une stagnation par manque de création de molécules à usages thérapeutiques.
Comme de règle chaque fois que l'Algérien manque d'inspiration, il retourne aux sources naturelles. C'est ainsi que le monde industriel oriente ses recherches vers les substances naturelles à la découverte de nouvelles molécules ayant une nouvelle activité thérapeutique.
Par conséquent, n'attendons pas que certains fassent à notre place ce que nous pouvons faire nous-mêmes avec notre compétence.
C'est suite à la déclaration de notre ami et confrère ministre de la Santé à propos de la fabrication des médicaments en Algérie, pour ne pas dire “synthèse !”, la préoccupation du corps médical, que nous sommes en train de former un pharmacien industriel efficace et adapté aux besoins de l'économie du pays, et si nous croyons nos confrères officinaux, industriels, hospitaliers et biologistes, ce qui justifie et rend obligatoire la formation du pharmacien industriel dans nos facultés de médecine.
*Actuellement en Algérie, l'industrie pharmaceutique en l'absence d'une pharmacie industrielle se suffit à faire :
- des simples formulations, la plupart du temps d'une façon empirique ;
- des fabrications sous licence avec tout ce que cela comporte comme retard au niveau de la connaissance de matières premières et des procédés de fabrication.
- Quant au contrôle, il se fait généralement selon des méthodes et des techniques données par les différentes pharmacopées étrangères. Par contre, dans les pays industrialisés, l'industrie pharmaceutique fonctionne autrement, plusieurs départements s'occupent de tâches différentes, on distingue :
- la recherche de molécules nouvelles ;
- la mise au point de nouvelles formes pharmaceutiques ;
- la mise au point de nouveaux procédés de fabrication et de contrôle avec des systèmes de modélisation et d'optimisation ;
- introduction du génie pharmaceutique pour sortir de l'empirisme ;
- actualisation permanente des pharmacopées des nouvelles éditions ;
- une organisation est due au contact continu entre la faculté de médecine et l'industrie pharmaceutique pour élaborer de nouvelles molécules actives et de nouvelles matières premières entrant dans la composition de médicaments.
En pratique, la chimie thérapeutique se consomme comme un mariage d'amour entre prescripteur et laboratoire.
Au risque de déplaire aux partisans de la monogamie, je souhaiterais que la faculté de médecine participe à ce bonheur et que les témoins de ce nouveau mariage tripartite (prescripteur-faculté de médecine-laboratoire) soient le département de Djamel Ould-Abbès et le Conseil de déontologie médicale.
Bien que la chimie thérapeutique soit loin d'être une religion, mais nous sommes condamnés à vivre avec elle.
Notre industrie pharmaceutique ressemble pour le moment à un gros préparatoire d'officine mécanisé et plus sophistiqué, toutes nos matières premières sont importées et notre recherche n'a pas encore accompli de miracles dans ce domaine.
Les grands laboratoires sont peu enclins à se dessaisir de leurs secrets de fabrication, pour initier des chercheurs algériens par exemple. C'est parfaitement compréhensible qu'ils ne veuillent pas se dessaisir de leurs sources de gains au profit de tiers qui constituent leur clientèle et qui risquent de ce fait de devenir un jour leurs concurrents.
L'objectifs, c'est de procéder d'une manière réfléchie et méthodique, et réaliser ce qui est à notre portée, grâce aux moyens matériels et humains dont nous disposons, et penser ensuite aux moyens de rattraper notre retard par rapport aux pays très avancés, par la mise en place de bonnes structures de recherche pour s'attaquer aux secteurs lacunaires ou vides, car c'est par notre seul travail et non par charité scientifique que nous progressons.
D'autre part, l'application stricte de la législation par le ministère de la Santé a toujours posé problème en Algérie !
En ce qui concerne les professionnels du médicament, nous souhaitons voir se concrétiser leurs revendications salariales et de conditions de travail. Quant aux spécialités hospitalo-universitaires dans les hôpitaux universitaires comme le chimie thérapeutique, l'opacité chronique a caractérisé sa gestion !
Le ministre de la Santé vient de prendre une mesure pour l'intérêt de la fabrication des médicaments en Algérie, d'une part, et l'intérêt des praticiens de la santé publique en général, d'autre part, ces derniers possèdent un pouvoir d'achat 10 fois inférieur à celui des confrères des pays voisins sans compter l'apport supplémentaire obtenu par l'activité complémentaire dans ces pays voisins.
Le ministre s'est engagé à concrétiser dans les meilleurs délais des revendications jugées très légitimes, des engagements qui n'ont pas été tenus depuis son installation à la tête de l'instance.
Le polytechnicien en sciences de la santé joue-t-il le rôle qui lui revient dans toutes les activités hospitalières ?
Nous ne devons pas éluder notre responsabilité dans la noble tâche qui consiste à améliorer la santé publique, malgré les difficultés certaines que nous rencontrons. Le chemin qui nous attend est long, très long même et difficile, mais il nous appartient de faire les premiers pas, dans la clarté de la raison et passion de notre conviction et de notre foi.
Il ne nous reste qu'à profiter de cette conjoncture favorable dont les confrères se réjouissent pour penser au devenir de la santé publique.
Les programmes et rythme des études médicales correspondent-ils aux besoins réels de notre pays ?
Pourquoi pas le décret 10-135 n'a pas été annulé dernièrement ?
Pourquoi pas un rééchelonnement des étudiants en pharmacie qui sont les lauréats au baccalauréat à l'université algérienne vers le haut des diplômés (passer du 13e échelon au 16e échelon) ?
Pourquoi pas le titre de docteur en pharmacie pour le généraliste comme cela se fait dans tous les pays ?
Pourquoi les étudiants de pharmacie réclament la formation qu'ils qualifient de médiocre ?
Pourquoi pas la fermeture des nouveaux départements de pharmacie existant à l'intérieur du pays, à l'exception d'Oran, d'Alger, de Constantine et d'Annaba ?
Pourquoi ces lauréats sont formés par des profanes en pharmacie et en médecine surtout dans les premières années ?
Pourquoi pas un serment de Galien à la fin du cursus ?
Pourquoi pas une 6e année consacrée uniquement au stage interne du pharmacien ?
Pourquoi une industrie pharmaceutique en Algérie sans pharmacie industriel dans la faculté de médecine : mieux vaut ne pas en rire !
La thérapeutique de type occidental est-elle adaptée aux exigences de notre contexte socioéconomique ?
Autant de questions sur lesquelles nous sommes appelés à réfléchir. Il ne suffit pas de vouloir agir, il faut d'abord savoir dans quel sens agir.
Devenons-en “défenseur de santé publique” avant qu'il ne soit trop tard.
(*) Thérapeute de métier, journaliste de fonction et animateur à la radio nationale.


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