Le taux de chômage en Algérie atteint actuellement 10%, soit 1 076 000 personnes sans emploi, estimation arrêtée au 4e trimestre 2010 par l'Office national des statistiques (ONS). Ce taux est légèrement inférieur à celui enregistré en 2009 (10,2%) et en net recul par rapport à 2008 (11,3%), précise une enquête de l'Office. À la même échéance, la population active était estimée à 10 812 000 personnes, selon les concepts définis par le Bureau international du travail (BIT), comme le précise l'ONS. Si les chiffres annoncés sont rassurants, la spécificité démographique en Algérie est, néanmoins, “une aubaine qui gêne”. En effet, les résultats de cette enquête intitulée “activité, emploi et chômage au 4e trimestre 2010”, montrent qu' “il y a des disparités assez significatives selon l'âge, le sexe et le niveau d'instruction”. Le taux de chômage s'établit à 8,1% chez les hommes et atteint 19,1% chez les femmes. Le chômage touche principalement les jeunes. Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) atteint 21,5%, soit près d'un jeune actif sur cinq, alors que celui des adultes (25 ans et plus) s'établit à 7,1%, note l'Office national des statistiques (ONS). La proportion des jeunes chômeurs sur le total des chômeurs est de 43,2%, plus de 25% des jeunes de 15 à 24 ans ne sont ni scolarisés ni intégrés dans la force de travail. 72% des demandeurs d'emploi sont âgés de moins de 30 ans. Cette étude montre également que le “chômage touche davantage les universitaires et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage parmi la population n'ayant aucun diplôme est estimé à 7,3%, celui des diplômés de l'enseignement supérieur atteint 21,4% (11,1% chez les hommes et 33,6% chez les femmes)”. Cette situation est d'ailleurs confirmée par la Banque mondiale qui, dans son rapport de l'année 2010, écrit que trois sur quatre des jeunes diplômés algériens de moins de trente ans sont des chômeurs. Sur les 120 000 diplômés qui quittent chaque année les bancs des universités du pays, 50 000 jeunes se retrouvent sans travail. Ils n'arrivent pas à s'intégrer dans la société, rencontrent même des difficultés à trouver un travail, selon le rapport de la Banque mondiale. Les statistiques montrent donc que le chômage des jeunes diplômés est beaucoup plus important que celui des non-instruits. Et devient, pour nombre d'analystes, un puissant élément de révoltes sociales, voire un puissant combustible pour des revendications violentes. Par ailleurs, selon l'enquête de l'ONS, le nombre de chômeurs ayant déjà travaillé dans le passé est estimé à 417 000, soit 38,7 % de la population en chômage (313 000 hommes et 104 000 femmes). Il s'agit d'une frange caractérisée par sa jeunesse ; 68,5 % sont âgés entre 20 et 34 ans, 80,4 % travaillaient comme salariés non permanents, 67,7 % dans le secteur privé et 38,5 % ont perdu leur emploi depuis moins d'une année. Chez nous, ce sont évidemment le commerce et les services qui absorbent plus de la moitié des emplois (55,2%), puis le BTP, boosté par un plan de charge impressionnant (19,4%), l'industrie qui peine à prendre son envol (13,7%) et enfin l'agriculture (11,7%). Conséquences logiques de la distribution du travail par secteur, deux travailleurs sur trois sont dans le secteur privé ou mixte, 67,7% chez les hommes et 54,2% chez les femmes. À noter que l'enquête de l'ONS s'est basée sur un échantillon de 14 592 ménages, alors que la collecte des données s'est effectuée d'octobre à novembre 2010.