Les quelques 19 candidats ayant passé, les 28 et 29 septembre dernier, l'examen de recrutement de 10 enseignants en tamazight pour la wilaya de Béjaïa, ont été surpris de constater les nombreuses bévues qui entachent les sujets de leurs épreuves, “soigneusement” élaborés par l'Office national des examens et concours (ONEC) de Béjaïa. La première bourde commise par l'administration chargée de cet examen consiste à mettre maladroitement la solution de l'épreuve principale (tamazight) au verso du sujet en question. Le comble de l'ironie c'est qu'on invite même le candidat à regarder le verso, puisqu'en bas de la page recto portant le sujet, on peut lire la mention suivante, écrite en langue arabe : “Tournez la page”. À qui incombe la responsabilté? Les responsables du secteur de l'éducation tentent de justifier cette faille par le fait que l'académie de Béjaïa ne dispose pas d'un fonctionnaire spécialisé dans la langue amazighe. C'est ce que nous avons appris auprès de certains enseignants vacataires de la langue berbère qui ont subi ce concours de recrutement. La seconde gaffe de l'Onec de Béjaïa a été constatée au deuxième jour de l'examen, où les mêmes candidats ont été ébahis de remarquer cette mention sur leur sujet : “Epreuve de langue arabe destinée aux enseignants de langues étrangères !”. Visiblement dépités par cette notation qui laisse entendre que “tamazight est une langue étrangère”, ces licenciés en langue tamazight considèrent que “cette manœuvre insidieuse confirme l'arrière-pensée des tenants de l'arabo-baâthisme qui veulent remettre en cause le caractère national de la langue berbère”. Le Mouvement culturel berbère (MCB) que dirige le Dr Mouloud Lounaouci a tenu, à travers une déclaration rendue publique, hier, à “dénoncer ces pratiques” menées par “un bon nombre de cadres de l'enseignement, ennemis de cette langue ancestrale, qui ont bénéficié de promotion pour avoir fait allégeance aux arabo-islamistes”. Dans le même document, le MCB fustige le directeur de l'éducation de la wilaya de Béjaïa qui “a l'outrecuidance de classer la langue tamazight dans le chapitre des langues étrangères”. Selon les termes de la même déclaration, malgré la position exprimée par le HCA, le MCB et les linguistes, quant à l'utilisation de l'alphabet latine dans la transcription, le premier responsable de l'académie de Béjaïa “continue de fournir des graphies latine et arabe, une manière très subtile de s'opposer à l'amazighisation”. Enfin, le MCB invite l'ensemble des enseignants et les parents d'élèves à “s'opposer aux décisions de ces responsables attardés”. Tout porte à croire que la généralisation de l'enseignement de la langue amazigh est renvoyée aux calendes grecques ! K. O.