Julien Salingue est enseignant en sciences politiques et doctorant à l'Université Paris 8 et chercheur sur le mouvement national palestinien. Il tient depuis quelques années unbBlog (juliensalingue.com) intitulé “À la recherche de la Palestine” (également titre d'un de ses récents ouvrages), il collabore aussi dans plusieurs publications et sites Internet, notamment acrimed.com (Action-critiques-médias, une association qui réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des “usagers” des médias… au service d'une critique indépendante, radicale et intransigeante) où il vient de publier (le 21 mars) une longue contribution sur l'action des médias (particulièrement français compte tenu des positions et actions de l'Etat Français) autour du conflit libyen titrée “Guerre de Libye : bavures médiatiques avant les premiers bombardements”. Extraits. Si tu veux la guerre… Lorsque l'éventualité d'une guerre s'est précisée, la plupart des grands médias ont manifesté un certain empressement. Cette hâte était-elle dictée par la conviction qu'il fallait venir au secours de populations civiles et qu'il n'y avait pas d'autre solution que la guerre ? Ce serait une prise de position à présenter comme telle. Mais, contrastant avec la gravité des responsables qui ont décidé cette guerre, l'impatience des impatients revêt des formes passablement malsaines, comme si une guerre n'était pas avant tout une guerre !... La guerre, ça fait vendre, coco Cette impatience peut difficilement se prévaloir de visées exclusivement “humanitaires”. Elle traduit aussi une toute autre préoccupation : être le premier sur le coup. Concurrence journalistique ou compétition commerciale ? La seconde est loin d'être absente, car la guerre, c'est vendeur. Et rien de tel, pour appâter le chaland, que de lui proposer un pseudo-sondage en ligne… S'agit-il d'informer ? Evidemment pas… D'ouvrir un “débat” ? À quoi bon, puisque la “communauté internationale” est unanime (voir plus loin) ? Il s'agit d'attirer le lecteur et de le fidéliser en le mettant directement à contribution et en créant l'illusion que son avis compte !... …confrère d'ITélé, Olivier Ravanello, qui, le samedi 19 mars, quelques heures avant les premiers bombardements, s'emporte, sourire aux lèvres : “On veut se débarrasser de Kadhafi, on va peut-être même arriver, par chance, à ce qu'une bombe lui tombe sur la tête.” Il est difficile de se contenter de comptabiliser ces mouvements de menton parmi les faux frais de la liberté d'opinion. Une fois encore, ces commentaires qui n'éclairent rien, même pas les raisons de ceux qui soutiennent inconditionnellement cette guerre, contrastent avec la gravité de ceux qui l'ont décidée. Que dire alors du respect dont ils témoignent pour ceux qui, non moins gravement, ne sont pas convaincus par cette intervention ou lui sont hostiles ? L'indécence fait-elle partie des nouvelles règles de la déontologie ?... Les “alliés” et les traîtres Nul n'aura échappé à l'argument-massue repris dans la plupart des grands médias : la guerre bénéficie du soutien de la “communauté internationale”. Une “communauté internationale” dont on ne cesse de nous rappeler qu'elle inclut des pays arabes. Ce ne serait donc pas une guerre de l'Occident… comme le Monde, en un lapsus révélateur, le dit pourtant en une " le 19 mars, accompagné de cette sympathique invitation au “monde arabe” : “Il faut associer le monde arabe aux opérations militaires. Il en a les moyens : il dispose de centaines de chasseurs. Il a l'occasion de faire l'Histoire, pas de la contempler.” Typiquement “occidental”… De l'exaltation de la guerre au chauvinisme le plus franchouillard, en passant par les pitreries de journalistes qui rêveraient d'être des GI, le traitement médiatique des prémisses de l'expédition militaire contre la Libye nous rappelle cruellement que l'information est, souvent, parmi les premières victimes de la guerre. Et ce n'est, malheureusement, qu'un début. L'article complet à lire sur acrimed.com