L'association “Thimeghras” et le comité de village d'Igreb, dans la commune d'Illoula Oumalou, ont organisé, au CEM de Tabouda, une journée de sensibilisation et d'information sur la prévention et la prise en charge du cancer du sein, animée par El-Amel, une association d'aide aux personnes atteintes de cancer et relevant du centre Pierre et Marie-Curie (CPMC) d'Alger. Quelque 300 personnes, en majorité des jeunes femmes, travailleuses ou femmes au foyer, ont assisté aux différents exposés présentés par des médecins spécialistes et par des chefs de service exerçant au CPMC de l'hôpital Mustapha d'Alger. Après l'ouverture de la journée par le président de l'association et le P/APC d'Illoula, les médecins et chefs de service du CPMC d'Alger ont pris la parole devant la nombreuse assistance à laquelle il a été expliqué le phénomène de cette maladie qui touche chaque année près de dix mille femmes. Les médecins ont usé de toute leur pédagogie de persuasion pour amener les femmes, souvent réticentes, à se faire examiner le plus tôt possible en vue d'avoir de meilleures chances pour leur prise en charge et leur guérison. L'association qui œuvre dans ce sens, entreprend chaque année des caravanes de sensibilisation en allant elle-même auprès des malades. Les membres de l'association sont conscients que beaucoup de freins empêchent les malades d'aller faire la mammographie. Parmi ces freins, selon le Dr Aït Ouakli, il y a les tabous, le manque de temps, la “peur du résultat” et le manque de moyens alors qu'il n'est pas exigé d'engager des frais pour ce diagnostic. Il y a également des femmes qui, à tort sans doute, ne se sentent pas concernées parce qu'elles ne ressentent pas de symptômes d'alerte, (boule, grosseur). D'autres arguent qu'elles sont déjà suivies par un gynécologue et ne voient pas l'intérêt d'entrer dans un dispositif de masse. Plusieurs communications ont été présentées par les médecins présents. Tous ont fait un crochet dans leurs interventions sur la nécessité d'un diagnostic précoce pour permettre la guérison et réduire les charge à l'Etat. Depuis octobre, mois de lutte contre le cancer dans le monde, les médecins de l'association El-Amel et du CPMC ne cessent de parcourir des régions du pays pour sensibiliser, rassurer et accompagner les femmes dans les actions de dépistage du cancer. La mammographie est obligatoire à partir de 40 ans, mais déconseillée avant cet âge car, explique un médecin, rien n'apparaît sur le cliché et donc il ne servirait à rien de recevoir inutilement des décharges de rayons X. Au cours des débats, des femmes ont formulé de nombreuses questions auxquelles les médecins ont clairement répondu. La question du traitement soulevée par un membre de l'assistance a levé le voile sur les problèmes du manque de médicaments et de centres anticancéreux à l'échelle nationale. Les centres existants, étouffés par les sollicitations de milliers de malades, n'arrivent plus à satisfaire les patients. Le CPMC connaît, à l'instar d'autres centres anticancéreux du pays, un manque flagrant en médicaments, d'où un danger pesant sur la vie de centaines de malades. Outre les déficiences d'approvisionnement des hôpitaux en médicaments, l'un des soucis majeurs demeure encore l'accès à la radiothérapie ou à la chimiothérapie. Malgré l'appel des associations d'aide aux malades atteints de cancer, le problème demeure entier pour des personnes affectées. L'accès à la radiothérapie et à la chimiothérapie reste un véritable calvaire, et les oncologues se disent impuissants devant cette situation. La promesse de réalisation de 14 centres anticancéreux, selon un membre de l'association, tarde à se concrétiser. Au moment où, ailleurs, on parle de l'évolution des traitements et d'espoir pour les malades, chez nous, les personnes atteintes de cancer sont confrontées à un mépris révoltant.