Photo : Riad Par Alain Faujas Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a parfaitement qualifié le sommet du G20 qui s'achève à Séoul, ce vendredi 12 novembre. «C'est le premier G20 de l'après-crise», a-t-il déclaré, tout en soulignant que ladite crise n'était pas du tout terminée. De fait, les chefs d'Etat et de gouvernement se quittent dans une ambiance mi-figue, mi-raisin. On attendait d'eux qu'ils mettent un terme à la «guerre des monnaies» en obligeant les protagonistes à cesser de mettre la pagaille dans l'économie mondiale, la Chine en inondant le monde de ses exportations grâce à un yuan sous-évalué et les Etats-Unis en arrosant de liquidités leur économie pour faire repartir leur consommation au risque de creuser leur déficit et de faire s'effondrer le dollar. Au lieu de fixer des objectifs et des dates pour un retour à l'équilibre, le sommet s'est contenté de charger le FMI d'élaborer, pour le printemps 2011, des indicateurs acceptables par tous et destinés à déterminer à partir de quel niveau d'excédents ou de déficits un pays devient «dangereux» pour les autres. Le FMI sera ensuite chargé de persuader les «déviants» de revenir dans les clous. Ce qui peut apparaître comme de la pusillanimité occulte les réelles avancées entérinées par le G20 de Séoul. La réforme du FMI - rendu plus légitime par une modification de ses statuts qui fait une meilleure place aux pays en développement - était «inespérée», selon le mot de Nicolas Sarkozy. Le «consensus de Washington pour une croissance partagée» donne le cadre d'une aide publique toujours insuffisante, mais que le G20 réclame pour la première fois vigoureusement. Ne manque plus que l'argent. Les accords de Bâle III, qui consolident les fonds propres et les liquidités des banques, ont été approuvés. Barack Obama a dit à ses pairs qu'il était prêt à boucler la négociation du «cycle de Doha», pour libéraliser le commerce au profit du développement, cycle que les Etats-Unis bloquent depuis 2008 à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le président américain s'est dit prêt à «prendre le risque» de présenter à son Congrès un accord, pourvu qu'il soit «juste et équilibré». L'impression de semi-échec qui demeure malgré tout tient au fait que le G20 n'est plus porté par l'urgence comme à Washington, Londres ou Pittsburgh : il est entré dans l'après-crise. Il est beaucoup moins médiatique de tenter de diminuer l'épargne ou la consommation de ses compatriotes que d'injecter des centaines de milliards de dollars dans l'économie. Il est moins enthousiasmant de modifier des comportements que de sauver des pans entiers de son économie. En fait, le G20 trouve sur sa table de travail les problèmes qui ont été à l'origine de la crise : les excès de crédit, d'exportation, de consommation ou bien les déficits budgétaires et les carences sociales. Tous ces sujets sont nationaux et aucun gouvernement n'a envie qu'une organisation multilatérale y mette son nez. Des sujets sensibles parce qu'ils engagent l'emploi et le pouvoir d'achat. Ils ne peuvent être traités qu'à long terme, en tout cas, bien au-delà de la petite année dont dispose la présidence du G20. Nicolas Sarkozy, qui en a pris les rênes le 12 novembre, devra se persuader qu'il aura à confier à un autre l'achèvement des trois vastes dossiers qu'il entend promouvoir cette année : la réforme du système monétaire international, la maîtrise des fluctuations des prix des matières premières et la gouvernance mondiale. Trois gageures. A. F. In le Monde