Le chef des indépendantistes du Polisario a accusé dimanche la France de faire du deux poids, deux mesures en intervenant militairement en Côte d'Ivoire et en Libye pour défendre les populations civiles alors qu'au Sahara Occidental elle refuse l'établissement d'un mécanisme pour protéger les Sahraouis. “La France intervient militairement en Côte d'Ivoire, en Libye, en invoquant la protection des populations civiles, mais refuse l'établissement de mécanisme au Sahara occidental, pouvant aider à protéger les populations des violations et des abus du Maroc”, a déclaré M. Mohamed Abdelaziz. “Le peuple sahraoui défend les principes universels que sont la liberté, la démocratie et le droit de déterminer librement et sans contrainte son destin”, a-t-il dit en recevant une délégation d'élus français en visite dans les camps de réfugiés sahraouis, selon l'agence APS. “Beaucoup pensent que le conflit du Sahara Occidental serait réglé depuis belle lurette, n'eût été l'attitude manifestement hostile de l'Etat français à l'endroit des revendications légitimes à l'autodétermination du peuple sahraoui”, a-t-il dit. Le Polisario avait reproché en novembre à la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, de s'être opposée “vigoureusement” à l'envoi “rapide” d'une mission d'enquête au Sahara Occidental après le démantèlement par les forces de l'ordre marocaines d'un camp de toile, érigé par les Sahraouis près de la ville de Laâyoune au Sahara Occidental pour protester contre leurs conditions de vie. Lors de cette opération, 12 personnes avaient été tuées -dont dix parmi les forces de l'ordre- selon Rabat, tandis que le Polisario a fait état de “dizaines de morts”. Des demandes de pays africains pour une surveillance accrue des droits de l'homme au Sahara Occidental avaient suscité des négociations tendues le 19 avril au Conseil de sécurité de l'ONU pour le renouvellement d'une mission de maintien de la paix dans ce territoire annexé par le Maroc en 1975 après le retrait de l'Espagne. L'Afrique du Sud veut que la surveillance des droits de l'homme soit inscrite dans le mandat de la mission de l'ONU. Le Maroc, soutenu par la France, résiste à cette initiative. Il insiste sur le fait qu'il compte mettre en oeuvre un organisme national sur les droits de l'homme.