Le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a usé hier d'un ton cru pour accuser la France de «manœuvrer dans les coulisses onusiennes» pour s'opposer à la mise en place d'un mécanisme de protection des doits de l'homme au sein de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso). Camp de réfugiés Rabouni. De notre envoyé spécial
«La France intervient militairement en Côte d'Ivoire, en Libye, en invoquant la défense des droits des populations civiles, mais refuse l'établissement d'un mécanisme pouvant aider à protéger les populations des violations et des abus au Sahara occidental», a-t-il déploré. Ainsi, a-t-il estimé lors d'un déjeuner en l'honneur des élus français en son siège à Rabouni, que «l'attitude de la France envers le mise en œuvre des droits du peuple sahraoui à l'autodétermination et à la liberté confine à l'hostilité». C'est ainsi le SG du Front Polisario n'a pas manqué d'exhorter l'Elysée à adopter «une politique responsable et équilibrée» qui respecte «le droit et la dignité» du peuple sahraoui. «La France gagnerait en influence et en prestige en s'écartant de l'occupation et de l'expansionnisme au Sahara occidental, en observant une position de neutralité et en exigeant le respect et l'application du droit international», a-t-il souligné. Cependant, le président sahraoui «tranquillise» la France quant à ses intérêts dans la région : «Cela n'implique pas la remise en cause de ses intérêts, bien au contraire cela renforcerait sa crédibilité et assoirait sa notoriété en tant que partenaire privilégié du Maghreb.» Le président sahraoui, s'adressant aux élus français, les a chargés d'être les «messagers auprès de la France de son peuple et de ses institutions». Au demeurant, le secrétaire général du Front Polisario a brossé un tableau noir aux élus français qui ont tenu, dans la matinée de samedi, un rassemblement devant le «mur de la honte». «Le peuple sahraoui subit une guerre expansionniste caractérisée. Son territoire est balafré par un mur de la honte qui sème la mort et la destruction», a-t-il souligné. Ainsi, leur rappelle-t-il que l'occupation illégale du Sahara occidental «a pour corollaire une répression et une oppression implacables». «Les populations sahraouies subissent au quotidien exactions, brimades, kidnappings et torture», a-t-il déploré. Le président Abdelaziz étaye ses déclarations par l'assassinat, vendredi dernier, du jeune Habbad Hammadi, qui témoigne, selon lui, de «la bestialité de la répression ainsi que de l'impunité dont bénéficie l'occupant». La présidence de la République sahraouie a décrété à ce titre une journée de deuil national à partir de demain, à la mémoire de cet étudiant sahraoui victime, dans la nuit de jeudi à vendredi, d'une agression à l'arme blanche perpétrée par deux individus non loin du ministère marocain de la Communication. Les drapeaux seront mis en berne, toutes les festivités seront ajournées et la prière de l'Absent sera accomplie au niveau des camps de réfugiés et dans les territoires libérés, selon la présidence sahraouie.