Les richesses naturelles du Maghreb sont plus que suffisantes, cependant se pose le problème de leur exploitation optimale en faveur du développement de cette région. Telle est la principale idée défendue, hier, par l'ensemble des intervenants conviés au colloque : “ressources naturelles maghrébines et le développement sont-ils suffisants ?” organisé par la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) au Bastion-23, à Alger. Intervenant sur cette problématique, Zidane Ould H'mida, ingénieur consultant en développement minier et ancien ministre mauritanien, a expliqué le grand décalage entre les richesses naturelles maghrébines et leur sous-exploitation. “Nous avons, au Maghreb, un grand retard en matière minier. On trouve le phosphate et le pétrole et d'autres ressources et on s'arrête”, déplore-t-il, avant de lancer que “80% des réserves du monde en matière de phosphate sont au maghreb, c'est un outil plus important que le pétrole puisqu'on a 5 à 6 siècles de réserves en la matière, mais malheureusement, il n'existe aucune politique maghrébine de phosphate”. Aussi et tout en expliquant que l'avenir du maghreb doit être construit sur les énergies renouvelables, l'intervenant n'a pas encore une fois manqué de regretter l'absence d'idées communes au Maghreb en matière d'énergie solaire. Intervenant de son côté, Ahmed Belhamed du Maroc recommandera aux pays du Maghreb de travailler ensemble pour un développement en commun. “les pays du Maghreb doivent engager cette mutation ou elle sera engagée sans eux et contre eux”, prévient-il. “Les richesses naturelles sont la propriété des peuples”, dit-il, avant de noter que “l'environnement interne doit rimer avec l'Etat de droit”. Dans ce cadre et tout en soulignant que l'UMA n'a rien apporté en matière de développement au Maghreb, l'intervenant déplore les discussions de l'Europe avec chaque pays du Maghreb isolément après l'échec de l'UPM. Intervenant pour sa part, Mustapha Jouili, chercheur en Tunisie, a plaidé pour l'impératif d'un travail en commun des pays du Maghreb, “puisqu'ils sont complémentaires en matière de ressources naturelles”. Ce qui manque chez l'un, on le retrouve chez l'autre, note-t-il. Karim Mahmoudi, le président de la CCFC, indiquera, quant à lui, que “les richesses maghrébines sont plus que suffisantes et en plus elles sont complémentaires”, avant d'expliquer, à ce propos, que “nos richesses maghrébines sont exploitées par les gouvernants et leurs sous-traitants, mais pas par les peuples”. “La problématique du Maghreb reste, pour le moment, amputée de sa démocratisation, c'est-à-dire la possibilité pour cette région d'élire ses responsables qui soient réellement représentatifs”, dit-il. L'ambassadeur de Chine : “L'Algérie peut devenir exportatrice de céréales” Avec le nouveau plan de développement de plus de 286 milliards de dollars, l'Algérie a les moyens de son développement malgré la crise. L'ambassadeur, qui expliquera l'importance des ressources naturelles algériennes, pense que l'Algérie “va devenir le plus grand pays de l'Afrique”. Relevant que l'Algérie se situe parmi les dix premiers pays importateurs mondiaux de céréale, l'ambassadeur estime qu'“un jour, l'Algérie deviendra explorateur de ce produit”. Son argument est que “l'Algérie a les moyens”. De plus, l'Algérie est créditée d'un grand marché, d'une position stratégique et une richesse en matière de ressources humaines, note l'ambassadeur. Evoquant les ressources en matière d'hydrocarbures, l'intervenant recommande à l'Algérie “de construire une base industrielle pour l'autosuffisance”. Evoquant l'expérience chinoise en matière de développement, le conférencier indiquera que le gouvernement de son pays a institué un certain nombre de mesures pour ce faire. Il s'agit, entre autres, d'accélérer le changement du mode de développement économique avec l'ouverture sur l'extérieur. “il faut recourir au développement pour relever les défis et régler les problèmes”, dit-il, tout en faisant remarquer que “le développement est le choix unique pour la prospérité du pays et c'est la priorité dans la gouvernance”. Conseiller auprès de l'ambassade du Brésil : “Le problème ce n'est pas les recettes” Le conseiller auprès de l'ambassade du Brésil a expliqué, de son côté, que 98% des exportations algériennes en hydrocarbures peut être interprété “comme avantage ou comme obstacle”. Le problème, selon lui, n'est pas tant les recettes “mais les utilise-t-on ?” s'interroge-t-il. Recommandant, par ailleurs, l'impératif d'une intégration économique en tant qu'alternative et stratégie, l'intervenant exhortera l'Algérie de “rattraper” son retard en matière de développement. Abordant l'expérience brésilienne en matière de développement, le conseiller de l'ambassadeur brésilien indiquera que 46% d'énergie produite au Brésil est une énergie renouvelable, alors que la moyenne mondiale est de 13%. Tout en indiquant que les usines brésiliennes travaillent de façon autosuffisante, il indiquera que 25% des entreprises de l'éthanol dans son pays sont étrangères. En matière de perspectives, l'intervenant notera que son pays ambitionne d'atteindre une véritable autonomie en matière énergétique.