Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
La crise, une opportunité pour accélérer l'intégration maghrébine Université d'été 2009 de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité
Pour l'ancien secrétaire d'Etat canadien, Gilles Cloutier, il faut tenir compte de “la volonté de faire”, du “principe d'argumentation”, voire même du “principe de faisabilité de la chose”. L'intégration économique des pays du Maghreb face à la mondialisation a été, du 21 au 23 juin dernier, au cœur des débats de l'université d'été de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC). Des experts, universitaires, chercheurs et gestionnaires, dont une dizaine d'étrangers, y ont pris part. Les ambassadeurs d'Italie, du Mexique, de la Chine et du Chili ont également été invités pour parler de l'expérience de leurs pays respectifs dans la création d'un ensemble économique régional. Dès le départ, le président de la CCFC, Karim Mahmoudi, a tenté de situer les enjeux qui se posent à un Maghreb “en train de se chercher une voie” dans “un monde en pleine recomposition” marqué par des “bouleversements géopolitiques”. Il est temps, a-t-il déclaré, que le Maghreb prenne exemple sur les Etats-Unis, la Chine et l'Europe qui “sont en train de réviser leurs positions stratégiques”. Dans ce cadre, il a suggéré aux dirigeants maghrébins “de se mettre autour d'une table et de passer en revue les faiblesses et les atouts (…) qu'ils peuvent mobiliser ensemble, afin de compter sur l'échiquier international”. Pourtant, il se rendra vite compte du poids des questions politiques en suspens qui, même s'il ne le dit pas, pèsent lourdement dans les choix stratégiques à prendre. Aussi, pour bousculer les choses, M. Mahmoudi a laissé entendre que les intellectuels, les hommes d'affaires, les artistes, les syndicalistes et, d'une manière générale, la société civile, sont en mesure d'“influer sur l'opinion publique et, dans une moindre mesure, sur les décideurs”, en donnant sens à l'intégration maghrébine “par le bas”. Dans cette optique, le président de la CCFC a confirmé la création, à Alger, de l'Association maghrébine pour la promotion des relations économiques et financières, dénommée “Maghreb +”, qui ambitionne de “produire une dynamique qui aura un effet multiplicateur”, du moins de “donner espoir aux tenants de la construction (…) (d')un ensemble stratégique” maghrébin. Lors des travaux de l'université d'été 2009, d'autres intervenants ont également insisté sur la nécessaire adaptation aux mutations en cours, pour survivre. Pour certains, la crise économique mondiale s'avère “une opportunité” pour concrétiser cet objectif. “Du point de vue économique, la crise crée des pressions et des forces qui avantagent et justifient une meilleure intégration”, a expliqué le Pr Abdelhak Lamiri, P-DG à l'Institut international de management (Insim). D'après lui, si les pays du Maghreb, particulièrement l'Algérie et le Maroc, parviennent à dépasser les clivages politiques, ils pourraient tirer profit d'une intégration économique, en mettant en commun, par exemple, “leurs ressources pour créer une industrie du véhicule”. Mais, pour d'autres, il faut regarder la réalité en face pour pouvoir ensuite aller de l'avant. Cette idée a été développée, entre autres, par le Pr Redouane Hamza, P-DG d'Altair (Montréal), qui a mis le doigt sur les “dépendances asymétriques” du Maghreb, induisant “des vulnérabilités” aux économies de la région, ainsi que “le déséquilibre” de l'industrie et “la vulnérabilité” des secteurs comme le tourisme et l'agriculture. “Dans les différents accords d'association, il y a un grand protectionnisme de l'UE et des Etats-Unis. Certains produits sont d'ailleurs exclus de la négociation”, a soutenu cet enfant de La Casbah, en citant notamment l'huile d'olive, les agrumes et la tomate. Par ailleurs, il avouera que la démographie peut être considérée comme “un problème ou comme une opportunité”. “À terme, affirmera-t-il, l'Europe a besoin d'immigration”. L'intervention de Gilles Cloutier, professeur à l'université McGill de Montréal, n'a pas aussi laissé l'auditoire indifférent. “On ne s'intègre pas, on ne se régionalise pas en une seule année. Il faut être conscient que c'est un long processus, que le regroupement maghrébin n'est pas pour demain”, a observé l'ancien secrétaire d'Etat canadien. Selon lui, il y a l'insécurité suscitée par la crise mondiale qui “aujourd'hui, rend le principe de nécessité d'un regroupement maghrébin”, mais il reste “la volonté de faire”, “le principe d'argumentation”, voire même “le principe de faisabilité de la chose”. En guise de conclusion, soulignons que la rencontre de la CCFC a abordé d'autres problématiques liées au thème central, comme le rôle des médias dans la promotion de la région, le développement des secteurs agricole et hydraulique, l'apport des femmes cadres, ainsi que sur les questions se rapportant à la formation, l'expertise et la normalisation de l'information financière.