Alors qu'il existe un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, un ou des “hauts responsables” algériens distillent des déclarations sur la Libye à des chaînes d'informations arabes. Une situation qui engage l'Algérie et qui lui vaut aussi des réponses parfois désobligeantes. Il faut dire que la position algérienne sur la situation en Libye déroute plus d'un au vu de la gestion catastrophique de la communication sur ce sujet sensible par Alger. En effet, au moment où le ministère des Affaires étrangères, qui a un porte-parole officiel, ne communique que quand le département de Mourad Medelci le juge nécessaire, une source anonyme, qualifiée de haut “responsable du gouvernement algérien” distille depuis quelques jours sur une chaîne d'information arabe, en l'occurrence Al-Arabiya, ou à des agences de presse étrangères engageant du coup le pays. La dernière sortie médiatique en date a eu lieu jeudi sur la chaîne Al-Arabiya, au cours de laquelle cette source a fait comprendre qu'“avant d'être reconnu, le Conseil national de transition libyen doit s'engager avec vigueur contre Al-Qaïda au Maghreb islamique”. La réponse et à visage découvert est venue d'un membre du CNT, qui a répliqué que c'était à l'Algérie de s'attaquer d'abord à Aqmi avant de le demander aux Libyens. En effet, le colonel Ahmed Omar Banni, porte-parole militaire des rebelles, a répondu sur la même chaîne : “Que l'Algérie s'occupe d'abord de combattre Al-Qaïda avant de poser ses conditions aux Libyens.” Qui est donc cette source anonyme, qui engage l'Algérie sur la crise libyenne ? La question mérite d'être posée, d'autant plus que ce n'est pas la première fois que cela se produit. Alors pourquoi Alger, qui maintient jusque-là une position de neutralité sur la crise libyenne sur la base de son principe de ne reconnaître que des Etats, distille par le biais d'une source anonyme des positions alors qu'il aurait peut-être fallu laisser le porte-parole du MAE faire son travail ou organiser une conférence de presse pour expliquer la situation afin d'élever les équivoques. L'Algérie a bien dit son mot dans des crises encore plus complexes que celle de la Libye. Nous l'avons vu dans le dossier de l'installation de la base de l'Africom dans le Sahara algérien par exemple où Alger avait maintenu son niet en arguant de sa souveraineté nationale ? Il est alors étonnant, voire déroutant que le pays peine à afficher sa position dans un conflit qui se déroule à ses frontières et qui plus est soutenu par l'Otan. En attendant un sursaut qu'on espère dans les plus brefs délais, il est clair que le mutisme algérien ou sa gestion informelle de la crise libyenne renseignent sur au moins une chose : on ne peut continuer à gérer un Etat de cette manière qui devient compromettante lorsque les choses tournent au vinaigre.