Le chef de la diplomatie algérienne affirme que le CNT est une émanation de la volonté d'émancipation du peuple libyen. C'est le début d'une reconnaissance officielle de cette entité. Un changement de position ou plutôt un recadrage forcé après six mois d'attentisme. Paris aura été l'occasion pour l'Algérie de justifier sa position sur la situation prévalant depuis plus de six mois maintenant en Libye, tout en la modérant avec l'annonce de son refus catégorique d'accueillir sur son sol l'ex-leader libyen, aujourd'hui dans la clandestinité. Rejetant le qualificatif “d'ambiguë”, que le ministre français des Affaires étrangères a attribué à la position algérienne sur la Libye, Mourad Medelci a assuré qu'il n'y avait “aucune ambiguïté”. Pour Alger, sa neutralité n'est pas synonyme de complicité avec le régime de Mouammar Kadhafi. Le ministre algérien martèlera qu'“il n'y a aucune ambiguïté dans la position algérienne. L'Algérie a dit son mot. Elle l'a dit au sein de la Ligue arabe dans un cadre démocratique”. Mourad Medelci soulignera que l'Algérie a marqué sa “différence” au début du conflit “tout simplement parce qu'elle a porté l'espoir que l'affaire libyenne va être réglée par la paix sans intervention d'une force étrangère”. “Si on considère aujourd'hui que la position de l'Algérie est ambiguë, c'est très bien. Parce qu'il y a quelques semaines, on considérait tout simplement que l'Algérie était du côté de Kadhafi. Je crois qu'il y a une avancée”. Il a notamment affirmé que l'Algérie n'avait jamais envisagé d'accueillir le dirigeant libyen, alors que sa femme et trois de ses enfants sont entrés en territoire algérien pour des “raisons strictement humanitaires”. Il ajoutera sur ce sujet que “le temps de la réflexion a été très court. Ce qui a prévalu (...) en recevant un groupe essentiellement constitué de femmes et d'enfants, c'est le sens de l'accueil”. Ainsi, la conférence de soutien à la Libye abritée par Paris aura permis à l'Algérie de justifier et de recadrer sa position sur le conflit en Libye, que partagent désormais nombre d'autres pays, selon le ministre des Affaires étrangères. Mourad Medelci indiquera que, lors de cette rencontre, “j'ai eu un certain nombre de contacts dont un à l'Elysée avec mon homologue français, Alain Juppé, avec qui j'ai échangé un certain nombre de propos sur les positions exprimées par M. Juppé et par moi-même à travers des médias français le jour même. Et, il a concédé que nos positions se rapprochaient, à la lumière de ces échanges médiatiques”. Il argumentera en affirmant que, lors de la conférence de Paris, présentée comme celle des Amis de la Libye, de nombreux pays dont certains n'ont pas, à ce jour, reconnu le CNT étaient présents, en particulier des pays du Sahel, représentés par des chefs d'Etat comme le Mali, la Mauritanie et le Tchad et des ministres des Affaires étrangères tels que l'Algérie et le Niger. Ainsi, selon Mourad Medelci, la présence de pays beaucoup plus nombreux à la conférence de Paris que ceux du Groupe de contact, composé de moins de trente, est une preuve que “ce n'est pas du tout le même format. C'est un format plus élargi, relativement composite puisqu'on retrouve également des pays qui n'ont pas reconnu le CNT, dont beaucoup de pays africains, mais également des pays non africains”. Il n'en demeure pas moins que la position de l'Algérie commence à évoluer puisque Mourad Medelci a assuré jeudi qu'Alger serait prêt à reconnaître le CNT lorsqu'un gouvernement sera formé tout en considérant que le CNT est l'émanation d'une volonté d'émancipation et de démocratie du peuple libyen. Il précisera que lorsque le CNT “annonce un nouveau gouvernement représentatif de toutes les régions du pays. Lorsqu'il l'aura fait, nous le reconnaîtrons”, a reconnu le chef de la diplomatie algérienne.