Jamais peut-être le Mouloudia d'Oran n'a connu pareil manque de finances. Même aux heures les plus sombres de la très austère ère Mourad Meziane comme président, le MCO n'aura pas été aussi pauvre et sa direction aussi fauchée. La raison ? Les actuels dirigeants-salariés qui, comme l'aura compris depuis longtemps l'opinion sportive oranaise, n'ont assurément rien apporté de concret au plus prestigieux club de l'Ouest, si ce n'est un désamour avec l'assise populaire locale et de grands désaccords avec les habituels argentiers et autres coutumiers bailleurs de fonds. Les chiffres, comme preuves, sont d'ailleurs terribles pour les actuels dirigeants du Mouloudia d'Oran : n'était l'aide d'un simple supporter, ancien candidat malheureux à la présidence du club, en la personne de Belhadj Mohamed, plus connu sous le sobriquet de “Baba”, la SSPA-MCO ne démarrerait certainement jamais la saison. Entre avances sur mensualités et primes de signature pour joueurs, entraîneurs et mêmes dirigeants et salariés du club, Belhadj a tout payé de sa poche, sans compter, ou presque. L'apport personnel de Mohamed Belhadj s'élève d'ailleurs à un peu plus de deux milliards de centimes (21 millions de dinars pour être plus précis), alors qu'il n'occupe aucune fonction, ni au sein du CSA ni au sein du conseil d'administration. Mieux ! Le plus important bailleur de fonds au MCO est encore légalement président d'un autre club, le CRB Aïn Turk en l'occurrence ! Cela, au moment même où les responsables mouloudéens, que sont Larbi Abdelilah, Habib Benmimoun, Hassan Kalaïdji et le démissionnaire Abdelhafid Belabbès, n'ont fait que constater verbalement les dégâts, attendant et réclamant à tue-tête le déblocage des subventions allouées par l'APC et la DJS qui s'élèvent à presque trois milliards de centimes. L'entrée en jeu de Youssef Djebbari en tant que président du club sportif amateur nouvellement réélu a, cependant, fait tomber à l'eau tous leurs plans, les obligeant à aller quémander de l'aide chez Belhadj et faire d'incessants allers-retours chez le wali d'Oran. Le premier magistrat de la wilaya a, d'ailleurs, consenti à puiser des fonds publics pour offrir à l'équipe première un stage de préparation de dix jours dans le luxueux mais inapproprié cadre de Hammamet El-Yasmine en Tunisie. En plus du demi-milliard qu'aura coûté ce séjour en terre tunisienne sont également venus s'ajouter, toujours comme “offrande” du wali d'Oran, les trois milliards que les mêmes pouvoirs publics verseront à la LFP de Mahfoud Kerbadj pour recouvrir les dettes contractées et régulariser la situation financière en suspens d'anciens joueurs du club et permettre, par ricochet, aux recrues estivales d'être qualifiées pour évoluer au MCO. Par une simple opération d'addition, l'on se rend ainsi compte qu'avec les trois milliards et demi du wali d'Oran et les deux milliards cent millions de Belhadj Mohamed, la SSPA-MCO a consommé depuis près de deux mois cinquante-six millions de dinars (5,6 milliards de centimes), sans pour autant que ses propres actionnaires et dirigeants n'en versent un sou ! Mehiaoui : “Ces gens-là ne servent à rien !” Des actionnaires qui ne pèsent, du reste, pas vraiment lourd en matière de chiffres, puisque les actuels dirigeants, tout comme ceux qui attendent l'ouverture du capital social et qui ont promis l'achat d'actions, ne valent même pas, à eux tous, la moitié de l'apport personnel en cash de Belhadj Mohamed, lequel n'est même pas membre de l'assemblée générale du CSA-MCO. Le président du Mouloudia d'Oran, Tayeb Mehiaoui, avait d'ailleurs lui-même annoncé, jeudi 24 février dernier, à l'occasion d'une conférence de presse animée au siège du club que “la somme globale des promesses d'investissement faite par les candidats au capital social de la SSPA-MCO n'a même pas atteint le milliard et demi. 14 530 000 DA pour être plus précis”, avant d'enchaîner sur un ton assez ironique : “On s'attendait à beaucoup plus de milliards. J'aurais aimé que ceux qui déclaraient n'importe quoi dans les journaux contribuent financièrement au lieu de dire n'importe quoi à partir de leur maison. Ces gens-là ne servent à rien !” Pour avoir fait l'amère expérience de travailler avec des dirigeants-salariés “qui ne servent à rien”, le même Mehiaoui s'était, à ce propos, montré très pragmatique du temps où il occupait encore le poste de P-DG de la SSPA. “Il faut être réalistes. Sans les subventions étatiques, on ne s'en sortira pas. Il nous sera difficile, voire même impossible de tenir tous nos engagements et d'être à la hauteur des espérances et des objectifs tracés”, avait avoué Mehiaoui. La preuve la plus concrète et la plus édifiante de ce que disait celui qui demeure encore l'actionnaire majoritaire de la SSPA-MCO sur cet “assistanat étatique”, qui a fait que les actuels dirigeants mouloudéens ne font que réclamer et attendre les subventions et autres “aides” pour gérer, d'une manière condamnable du reste, les affaires courantes de l'équipe première, a été démontrée, en Tunisie, par le vice-président qui cumule également le rôle de manager général, Habib Benmimoun. Cela s'est passé lorsque Larbi Abdelilah avait consenti à envoyer, sous la forme d'un prêt remboursable dès l'approvisionnement des caisses du club par les subventions étatiques, 3500 euros comme argent de poche à l'ensemble des sociétaires du club qui étaient en stage en Tunisie. Chef de délégation, Habib Benmimoun n'a pas eu honte de réclamer et de toucher, à l'instar des joueurs et des membres du staff technique, le pécule du séjour qui s'élevait à 100 euros ! Cela au moment où c'était logiquement à lui, comme le suggère son poste de vice-président et de manager général, doublé de celui d'actionnaire, de membre du conseil d'administration et de chef de délégation, de mettre la main à la poche au lieu d'attendre que soit envoyé de la lointaine Oran un argent de poche sous la forme d'un pécule de séjour emprunté… aux futures subventions ! Ce qui explique, en partie, le soulèvement de l'assise populaire mouloudéenne qui fait du départ des actuels dirigeants son credo, son principal mot d'ordre et son unique et non-négociable revendication pour cette saison 2011-2012.