La commission de discipline de la LFP, présidée par Hamid Haddadj, est au cœur des débats en ce début de saison. Certains présidents de club l'accusent de “vouloir tuer le football en décrétant le huis clos pour plusieurs rencontres”. Même le sélectionneur national Vahid Halilhodzic a dénoncé cette sanction, à sa sortie du match MCA-ESS (1-0) disputé à huis clos au stade de Bologhine. Pour Haddadj, sa commission n'est guère responsable de cette situation imputée aux responsables chargés d'organiser les matchs chez eux. Il en parle. Liberté : Le début du championnat professionnel a été caractérisé par le déroulement des matches à huis clos. N'aviez-vous pas pensé employer d'autres mesures justement pour garantir le spectacle dans les stades ? ll Hamid Haddadj : Le huis clos est une conséquence directe de l'infraction commise par l'un des clubs, on peut même proposer l'interdiction aux clubs de recevoir chez eux, comme le stipule le barème disciplinaire. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que la commission de discipline est en train de tuer le football, c'est complètement faux, le débat est ailleurs. Aujourd'hui, je me pose la question suivante : qu'est-ce qui motive tous ces huis clos décrétés par ma commission ? Le club organisateur du match est responsable de la sécurité sur son stade, les règlements généraux sont clairs là-dessus, il n'y a aucune équivoque. Si un club faillit, il doit en assumer les conséquences. Certains disent que c'est le rôle du service d'ordre, je suis d'accord, mais les responsables des clubs sont eux aussi responsables de la situation sur le terrain. On ne décrète pas un huis clos comme ça, les gens doivent savoir que notre commission tient compte des rapports des officiels. Parfois lorsque la situation nous oblige, on convoque un arbitre pour un complément d'information, ensuite on prend les sanctions qui s'imposent. La saison passée, il y a eu des incidents graves qui se sont déroulés en ville. On ne peut pas fermer les yeux sur ces graves dérapages, on doit impérativement sanctionner. Il faut savoir aussi que pour arriver au huis clos, il y a quatre ou cinq situations qui débouchent vers cette sanction. C'est pour vous dire que rien n'a été laissé au hasard. Même la réglementation en matière du huis clos a été modifiée. Mais certains présidents de club estiment que cette sentence entrave le développement du football professionnel en Algérie... ll Je refuse catégoriquement qu'on impute le huis clos à la commission de discipline. Ce sont les infractions commises par les clubs qui obligent notre commission à prendre les sanctions, conformément au barème disciplinaire. Les gens doivent savoir qu'il est strictement interdit d'utiliser les fumigènes dans le stade. Ce produit est très dangereux et peut causer de graves blessures aux joueurs et aux officiels. Même la CAF et la FIFA ont donné des instructions fermes pour que les fumigènes soient bannis des terrains de football. D'ailleurs, la JSK et le MCA ont été sanctionnés par un match à huis clos en raison de l'utilisation des fumigènes. Le joueur du MCA, Babouche, a été touché et blessé par ces objets dangereux lancés par les supporters du MCA. Quant à la JSK, juste après avoir marqué son but, des fumigènes ont été lancés sur le terrain par les supporters de ce club. Dans cette situation, le huis clos est aussi la sanction que prévoit le barème disciplinaire, car lorsqu'il y a jet de fumigène sur le terrain, la sanction est d'un match sans la présence des supporters. Il faut savoir aussi qu'aucun des deux clubs JSK et MCA n'est venu à la commission pour protester ou nous parler du huis clos qu'on leur a infligé. L'utilisation du fumigène est sanctionnée dans les deux cas, s'il y a lancement, c'est le huis clos, le cas contraire une amende. Ne pensez-vous pas employer d'autres solutions au lieu d'imposer le huis clos ? ll Je pose le problème autrement : comment éviter à l'avenir les sanctions. Ce n'est pas le huis clos qu'il faut dénoncer, c'est le comportement de certains sur le terrain qui nous oblige à aller vers cette sanction. Le débat doit se situer au niveau des responsabilités de chacun. Que font les comités de supporters, les stadiers, les dirigeants ? C'est un problème de prévention qui doit impliquer tout le monde. Il faut à mon avis renforcer les contrôles au niveau des entrées aux stades pour éviter l'introduction des fumigènes. Pour moi, l'infraction ne doit en aucun cas rester impunie, sinon on va contribuer au désordre et à l'anarchie. On essaye d'être juste et équitable. Le rôle de notre commission est le respect impératif de la discipline, le débat doit être centré sur les raisons et les causes qui engendrent ce genre de comportement pour éviter à l'avenir la violence. Certains disent qu'on est juste en début de saison, moi je réponds par ceci : il n'y a pas de rupture dans la discipline, les sanctions sont prises toute la saison. Maintenant, moi aussi je m'interroge : faut-il supprimer les sanctions ? Je suis venu au cours de la saison passée à la commission de discipline, il y a eu 30 matchs à huis clos en Ligue 1 et 19 en Ligue 2, une vingtaine de matchs ont eu cette sanction, à cause des jets de fumigènes sur le terrain.