Sans réel enjeu pour l'EN, si ce n'est celui de tenir son rang de sélection mondialiste que le prestige oblige à rester maître des lieux à domicile, l'ultime rencontre des poules qualificatives à la coupe d'Afrique des nations 2012 face à la formation centrafricaine revêt pourtant un caractère plus important pour son patron technique, Vahid Halilhodzic. Plus qu'un test grandeur nature dans un contexte officiel, ce duel face à la sélection drivée par Accorsi permettra, surtout, à Halilhodzic de lancer, enfin, son grand chantier et de manier, à sa guise, le gouvernail. Désormais débarrassé de ce qui s'apparentait à un lourd fardeau que constituait ce mince espoir de qualification à la CAN 2012 qui l'a contraint, en Tanzanie, à favoriser des solutions temporaires au détriment de son habituel ménage de fond, Halilhodzic donne l'impression d'avoir dorénavant les coudées franches pour monter “son” équipe. Le match face à la République centrafricaine et les deux répliques amicales que les Verts donneront aux Tunisiens et aux Camerounais au mois de novembre constituent, d'ailleurs, la première phase de son opération renouveau. Un renouveau marqué, d'emblée, par un grand coup opéré sous la forme de la mise à l'écart de celui qui faisait office de capitaine réel du groupe, Karim Ziani. Pour la première fois depuis huit ans, le numéro 15 des Verts n'est pas sélectionné en EN, sans pour autant qu'il soit blessé ou suspendu. Le message est fort en symboles et la symbolique est tout aussi forte en messages. “Désormais, le patron c'est Vahid”, semble ainsi lancer Halilhodzic. Aussi bien en matière de poids dans le vestiaire qu'en matière de stratégie de jeu. Ce renouveau, version bosnienne, laisse à penser que les autres cadres de l'EN, Yahia et Bougherra en tête, ne sont eux aussi guère à l'abri de ces violents vents du changement. Le successeur de Abdelhak Benchikha l'avait annoncé, d'une manière à peine voilée, lorsqu'il avait fait allusion aux similitudes entre le football et la boxe et “l'impérativité d'être affamé et d'avoir faim de titres et de victoires pour réussir”. Considérant, de fait, les actuels piliers des Verts comme blasés, lassés et pas suffisamment motivés à même de figurer dans son carnet de route qui devrait le mener à la CAN 2013 et au Mondial 2014, Vahid Halilhodzic table sur les trois joutes à venir pour être définitivement fixé sur les aptitudes physiques, techniques mais surtout psychologiques des éléments en sursis. Le rêve de tout footballeur algérien et africain de participer à une Coupe du monde ayant été assouvi, les Anthar Yahia, Majid Bougherra et Nadir Belhadj, entre autres, devront par ricochet montrer à leur mentor qu'ils ont encore cette boulimie en matière de succès et de lauriers et qu'ils sont toujours prêts à relever les défis si propres à tous ceux qui portent le maillot vert. A moins de huit mois de l'entrée en matière de l'Algérie dans le vif du sujet des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, entre le 1er et le 5 juin face au Rwanda, puis trois jours plus tard à Bamako face au Mali, le sélectionneur national sait mieux que quiconque qu'il n'a pas vraiment le temps de faire dans le travail de fond, si ce n'est tenter de reproduire le scénario de 2010 avec d'autres éléments qui en veulent terriblement. D'autant plus qu'avec une remise en question des cadres, le retour espéré de Mourad Meghni et l'éventuelle arrivée de Sofiane Feghouli, Halilhodzic peut espérer concocter, arranger, voire même bricoler une équipe compétitive capable de créer la surprise, comme l'avait fait celle montée par Rabah Saâdane fin 2009. S'il arrive à booster son groupe de façon à obtenir le meilleur de chaque élément, à toucher l'orgueil des anciens de manière à les rendre aussi compétitifs que par le passé et à redonner cette âme de guerriers et cette grinta si algérienne à ses poulains, le tout dans une organisation tactique appropriée avec un projet de jeu adéquat, Vahid Halilhodzic réussira sans nul doute à mener à bout son chantier et à assurer à l'EN une seconde présence de suite parmi la crème du football mondial. Et cela, sans pour autant qu'il ait à révolutionner le football algérien.