Pour leur première participation au Fibda, les bédéistes égyptiens ont fait sensation lors de cette quatrième édition avec l'album Tuk-Tuk. Mohamed Chenaoui et Hichem Rahma étaient présents pour la présentation de cet ouvrage qui fait un tabac au Caire. “Nous avons sorti le premier numéro le 9 janvier dernier, quelques jours avant la révolution égyptienne”, nous a déclaré Mohamed Chenaoui. Cette bande dessinée représente une nouvelle ère du neuvième art. “Tuk-Tuk est le nom de la voiture thaïlandaise. On a choisi ce nom car c'est un moyen de transport populaire. Notre revue s'adresse au peuple, elle est populaire”, a-t-il ajouté. Constituée de cinq caricaturistes de quotidiens égyptiens, cette revue de bande dessinée trimestrielle satirique aborde, à travers ses dessins et ses bulles, les problèmes sociaux et politiques du pays. “Maintenant, nous sommes libres dans nos écrits. Nous pouvons aborder ces sujets, ce qui se passe dans la rue et la vie en général plus librement”, nous a confié notre interlocuteur. Considérée comme une publication pour enfants, la bande dessinée en Egypte a toujours été destinée aux bouts de choux. “Avant, les bédéistes faisaient passer leurs messages subtilement à travers les BD pour enfants. Depuis cette année, on se permet plus de liberté”, nous a-t-il indiqué. Et d'ajouter : “Dans Tuk-Tuk, on ne résout pas les problèmes, on les met seulement en relief.” Depuis sa sortie, la revue se vend comme des petits pains au Caire. “Le deuxième numéro a été publié durant la révolution et nous avons épuisé les stocks. D'ailleurs, nous n'avons que le premier et le troisième numéros à présenter au Fibda”, a souligné Mohamed Chenaoui. Le collectif de ces cinq bédéistes tente de varier et de diversifier les thèmes dans chaque numéro. “Le pays est en ébullition. A chaque moment, il y a de nouvelles choses qui se trament. Et dans cette revue, nous publions des dessins de jeunes bédéistes méconnus du public pour leur donner une chance”, a-t-il signalé. Cette participation au Fibda a permis aux représentants de Tuk-Tuk de réaliser de futures collaborations, notamment étrangères. “En Egypte, nous n'avons pas de festival consacré à la BD. Durant le Fibda, nous avons rencontré plusieurs bédéistes. Nous allons probablement travailler avec un bédéiste qui fera prochainement une expo en Allemagne”, a-t-il dit. Très motivé et passionné, ce collectif espère aller loin pour (re)présenter la BD arabe un peu partout dans le monde. “Plus tard, nous comptons réaliser un album autour de la BD arabe pour l'exporter à l'étranger. D'abord, nous allons essayer de faire connaître Tuk-Tuk en Egypte, au Liban et au Maghreb”, a-t-il conclu. Hana Menasria