Pas moins de 830 demandes d'expertise, dont 64% sont révélées positives, ont été traitées par l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC) de Bouchaoui. De faux documents de voyage, de transport, de circulation des personnes et de faux billets de banque (généralement les coupures de 1 000 DA), tout est passé à la loupe des experts de cet établissement de la Gendarmerie nationale. Des équipements nécessaires et des salles d'analyses, ces spécialistes sont réquisitionnés par l'autorité administrative ou les unités relevant de la GN pour apporter la preuve du faux à travers les deux laboratoires de l'INCC. “Chaque document possède ses propres signes de sécurité. Une fois que nous recevons un document suspecté, nous le soumettons à l'épreuve d'authentification pour buter sur la présence ou l'absence de ces signes”, nous explique le chef de département documents. Celui-ci révélera que deux sortes de faux sont en vogue : la falsification et la contrefaçon. Depuis 2009, la tendance est à l'aggravation certes, mais les procédés du faux demeurent classiques, donc faciles à détecter. “Il faut savoir que le marché parallèle favorise le faux billet, comme les vendeurs de bétail ou de véhicules d'occasion. En 2009, nous avons traité 120 cas, alors qu'en 2010 nous en avons expertisé 410 autres contre 300 durant les premiers neuf mois de l'année 2011”, expliquera un autre officier, lui aussi expert en la matière. Par types de faux, les documents de circulation automobile (carte grise, permis de conduire, vignettes et PV de contrôle technique) sont en tête du faux avec 54% ! Concernant les documents de voyage, notre source affirmera que les trafiquants recourent au même mode opératoire, à savoir la modification d'identité, la falsification de visas, l'usage de passeports par des tiers, la reproduction intégrale de l'état civil ou encore la substitution par la photo. C'est dire que les documents administratifs ne sont pas sécurisés et aucun spécimen n'est à l'abri du faux. “Il faut arriver à la sécurisation optimale des documents. Raison pour laquelle la biométrie sera généralisée au même titre que les paiements électroniques pour juguler la circulation de grosses quantités de faux billets sur le marché noir”, conclura notre interlocuteur. Signalons que des experts de la GN participeront le 25 octobre prochain au séminaire international sur l'expertise des documents qui se tiendra en Hollande. Criminalité : plus de 6 500 expertises réalisées L'INCC de la GN est en passe de devenir un pôle d'excellence sur le double plan régional et international. Développant toutes les nouvelles techniques d'investigations et de recherches, cet établissement se veut “un outil de pointe inspiré des pratiques d'expertises et d'analyses récentes appuyées par les technologies appropriées en mesure de fournir à la justice les preuves scientifiques en vue de confondre ou disculper d'éventuels suspects dans le respect des procédures, des normes nationales et internationales en la matière”. Depuis 2009, nous révèle un officier supérieur, plus de 6 500 expertises ont été effectuées à travers les 11 départements et les 31 laboratoires. “Mieux vaut un criminel en liberté qu'un innocent en prison”, l'INCC renferme de grandes compétences en matière d'expertise judiciaire et intervient dans toutes les situations de complexité et conflictuelles pour apporter la preuve matérielle devant les juridictions compétentes. Ce à quoi, il est tenu de “servir la justice et de soutenir les unités d'investigation dans l'exercice de la Police judiciaire”, conformément au décret présidentiel 84-183 du 26 juin 2004, date de sa création. Mieux, l'INCC fonctionne selon les normes internationales ISO-17 025 qui exigent des conditions ambiantes, des personnels qualifiés et un consommable sans faille. En contact permanent avec les 48 groupements de wilaya de la GN, cet institut développe également des conventions avec l'enseignement supérieur afin de généraliser la formation en mastère dans les spécialités qu'il couvre actuellement et dont les moyens et le savoir-faire nécessitent une mise à jour. Autres missions assignées à l'INCC, la réalisation à la requête des magistrats, des enquêteurs et des autorités habilitées, des expertises et examens scientifiques relevant de leurs compétences en vue d'établir les preuves permettant d'identifier les auteurs des crimes et délits, l'assistance scientifique aux investigations complexes sur les lieux du crime, la participation aux études et analyses relatives à la prévention et à la réduction de la criminalité ainsi qu'à la définition d'une meilleure politique de lutte contre ses formes. Signalons, enfin, que l'INCC coopère constamment, à l'échelle internationale, avec ses homologues du FBI, d'Interpol, d'Espagne, du Canada, d'Italie, de France, de Belgique, de Turquie, du Royaume-Uni et de Suisse, comme il développe, à l'échelle nationale, des collaborations avec plusieurs ministères. FARID BELGACEM