Composée de 217 élus et dominée par le parti islamiste Ennahda avec ses 89 sièges, l'Assemblée constituante tunisienne s'attellera, à partir d'aujourd'hui, à rédiger une nouvelle Constitution pour la Tunisie et se chargera de légiférer et désigner l'Exécutif qui dirigera le pays jusqu'aux prochaines élections générales. Les élus devront aussi élaborer et adopter un règlement intérieur qui déterminera son fonctionnement. Le texte devrait se baser sur un projet rédigé par un comité d'experts de la Haute commission des réformes politiques mise en place après la révolution et dissoute le 13 octobre dernier. Les deux partenaires de gauche, le Congrès pour la République, avec 29 sièges, et Ettakatol, 20 sièges, qui ont partagé le pouvoir avec Ennahda en se voyant attribuer la présidence de la République et celle de l'Assemblée constituante, tenteront de maintenir l'équilibre. En effet, les trois principaux partis se sont mis d'accord, le week-end dernier sur la répartition des postes-clés, qui devra cependant être confirmée par l'Assemblée souveraine. Selon l'accord de principe, Mustapha Ben Jaâfar, chef d'Ettakatol, devrait accéder à la présidence de la Constituante, Moncef Marzouki, dirigeant du CPR, devrait prendre la présidence du pays, et Hamadi Jebali, numéro 2 d'Ennahda, est appelé à diriger le futur gouvernement. La séance inaugurale de l'Assemblée, qui se tiendra dans le palais beylical, verra l'élection ou la cooptation de son président et de deux vice-présidents, un homme et une femme, selon la tradition. L'enjeu principal de cette Assemblée constituante portera sur la nature du nouveau régime, les prérogatives et pouvoirs des futurs dirigeants, les uns proposant un régime parlementaire unicaméral (Ennahda) et d'autres un régime présidentiel aménagé ou mixte. Ceci étant, des concertations tripartites sur la composante du gouvernement et la répartition des portefeuilles ministériels sont en cours et seraient même dans leur phase finale. Il est possible que leurs résultats soient annoncés avant la séance inaugurale de l'Assemblée nationale constituante. Face à l'alliance Ennahda-CPR-Ettakatol, les autres partis de gauche PDP (Parti démocrate progressiste) et PDM (Pôle démocratique moderniste) se rangeront dans l'opposition, alors que demeure le mystère sur l'attitude qu'adopteront les élus de la Pétition populaire, une formation indépendante totalement inconnue avant les élections, qui a raflé 26 sièges et se retrouve troisième force de l'Assemblée. À signaler, enfin, que le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi, formé un mois et demi après la fuite de Ben Ali, restera en fonction jusqu'à la passation des pouvoirs avec la nouvelle équipe. Merzak T./Agences