En marge de la réunion du CME, le ministre de l'Energie a démenti l'information selon laquelle la société britannique, British Gas, quitterait l'Algérie. La venue du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, hier à Oran, pour présider l'assemblée exécutive du Conseil mondial de l'énergie (CME), qui se tient au Centre des conventions d'Oran du 21 au 24 du mois en cours, intervenait à un moment où, de nouveau, le groupe Sonatrach se retrouve au-devant de la scène. En effet, le fait révélateur de ce changement brusque à la tête de Sonatrach était le maintien du nom de l'ex-P-DG, Noureddine Cherouati, dans le programme pour présider une session des travaux mais, entre-temps, le différend avec le ministre, évoqué depuis quelque temps par des cadres, a été consommé et un nouveau P-DG a été nommé. Autre coïncidence du calendrier, c'est l'ouverture, aujourd'hui à Oran, du procès en appel de l'ex-P-DG, Meziane, et de l'ex-vice-président d'Aval, M. Feghouli, pour passation de marchés contraire à la réglementation alors même que les travaux de cette conférence se poursuivent avec la présentation de la stratégie du groupe Sonatrach. Alors que les journalistes sollicitaient le ministre pour répondre à leurs questions, celui-ci, au sortir de la salle de conférences, ne répondra qu'à quelques questions liées à sa présence à l'assemblée exécutive du CME. Néanmoins, le ministre tiendra à démentir les informations faisant mention du départ de l'Algérie de certains investisseurs importants dans le domaine des hydrocarbures. “Il n'y a aucune société qui a quitté l'Algérie. Au contraire, d'autres arrivent, et nous travaillons en parfaite coopération et entente avec nos partenaires et les choses se développent dans le bon sens.” Pour ce qui est des investissements et du développement des industries de l'énergie renouvelable, Youcef Yousfi réaffirmera l'engagement des pouvoirs publics à apporter des aides aux opérateurs nationaux pour les encourager à investir : “Nous les accompagnerons, notamment les producteurs d'électricité, en les aidant à écouler leurs productions d'électricité sur le réseau national.” Quant à savoir de combien seront ces investissements pour le développement des énergies renouvelables, le ministre parlera de dizaines de milliards de dinars, dans les prochaines années, de la part de Sonelgaz et des opérateurs nationaux et partenaires étrangers. La veille, le ministre avait encore évoqué la possible candidature de l'Algérie pour organiser le Congrès mondial de l'énergie en 2019. En marge de la Journée algérienne de l'énergie, qui s'est déroulée lors de l'assemblée exécutive du Conseil mondial de l'énergie-Oran 2011, le P-DG de Sonelgaz, N. Boutarfa, et le président du Conseil mondial de l'énergie, P. Gadonneix, ont animé, conjointement, un point de presse où il a été question des incertitudes sur le marché mondial de l'énergie. Parmi ces évocations, partagées par les membres du CME, P. Gadonneix évoquera notamment les accidents industriels qui se sont produits ces dernières années, comme l'explosion d'une plate-forme pétrolière dans le Golfe du Mexique, la centrale de Fukushima au Japon, mais surtout le Printemps arabe, et de s'en expliquer : “Le secteur de l'énergie a besoin de signaux forts ; tous les pays ont des politiques énergétiques et leurs enjeux sont à long terme. Toutes ces politiques veulent favoriser la croissance, la sécurité des approvisionnements, la protection de l'environnement et l'accès des énergies aux populations les plus défavorisées. Le Printemps arabe aura des répercussions et les leaders mondiaux de l'énergie suivent de près ces sujets, c'est là une des préoccupations des plus importantes, au top des préoccupations”, dira l'orateur. Et de poursuivre sur cette question : “Au CME, nous favorisons le dialogue pour une prise de conscience sur la vision à long terme pour favoriser les investissements car l'incertitude qu'il peut y avoir sur certains projets politiques peut faire réfléchir les investisseurs.” Et d'insister sur la transition énergétique et la progression des énergies renouvelables dont le retour d'investissements est généralement très long, d'où la nécessité de consacrer 1% du PNB pour faire face à ce type d'investissement. Pour ce qui est de l'Algérie et des projets en cours, le P-DG de Sonelgaz, en sa qualité de président du Comité algérien de l'énergie, évoquera, une fois encore, le cas Désertec en des termes inchangés, à savoir que “ce projet reste une idée à long terme, et cela se construit pas à pas. Il n'y a pas de caractère commercial, mais nous le considérons comme un projet devant favoriser la promotion et le développement des énergies renouvelables”, occultant le choix du Maroc pour le lancement du projet Désertec avec des partenaires allemands. Il ajoutera que l'Algérie doit pouvoir réussir son pari de développement énergétique mixte, les hydrocarbures finançant le développement des énergies renouvelables. Pour ce qui du projet Galsi, M. Boutarfa dira, en réponse à une question, que “le projet est en cours et qu'il y a, aujourd'hui, toute une stratégie pour développer les projets viables”. Le président du CME estimera, pour sa part, que dans le cas de l'Algérie, la situation est très favorable par rapport aux évolutions du marché de l'énergie car “elle dispose de ressources très importantes, y compris dans le gaz de schiste et avec des perspectives de développement du solaire”. Dans sa conclusion, il annoncera qu'“il est nécessaire d'aller vers une gouvernance mondiale avec des réglementations mondiales pour le gaz de schiste et que la pression des opinions publiques nous poussent tous à aller vers cette évolution”. D. LOUKIL