Le premier responsable de la puissante ONM a reconnu, pour la première fois, que des dépassements ont eu lieu et des erreurs commises lors de la Révolution, à la réunion de l'association Mémoire de la Wilaya III, tenue jeudi à la maison de la culture Ali-Zaâmoum de la ville de Bouira. Devant une assistance nombreuse composée d'anciens moudjahidine de la Wilaya III (Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Boumerdès et une partie d'Alger), le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), M. Saïd Abadou, est revenu, dans sa prise de parole, sur le rôle des associations des différentes Wilayas (dont deux, III et IV, créées et d'autres en cours) dans l'écriture de l'histoire. M. Abadou avait exhorté les acteurs à plus d'objectivité dans la narration des faits tels qu'ils se sont déroulés. Certes, il y avait des erreurs commises lors de la Révolution et même des dépassements. Mais il justifia ces actes commis par le contexte de l'époque. “La révolution était sujet à de nombreuse pressions de la part de l'armée française. Le manque d'informations, parfois des actes devaient être réalisés rapidement, car les moudjahidine n'avaient ni le temps ni les moyens qui leur permettaient de mener des enquêtes. Il faut se mettre à leur place. Ces dépassements n'étaient pas prémédités”, dira-t-il. Faut-il juger ceux qui ont commis ces dépassement ? “Ils étaient de bonne foi. Dans chaque révolution, il y a des erreurs et des dépassements. Il faut retenir que nos révolutionnaires avaient pour objectif la libération du pays du colonialisme. Nous pouvons qualifier ces actes de simples erreurs qui ne peuvent en aucun cas influer sur le parcours de nos glorieux martyrs et des moudjahidine qui sont en vie. Car ils avaient une bonne foi”, affirme-t-il. Le secrétaire général de l'ONM est revenu sur l'histoire de la Wilaya III qu'il considère comme l'une des Wilayas ayant un passé glorieux et joué un rôle prépondérant durant la Révolution de par son organisation, son effectif et la compétence de ses dirigeants. En militaire, “cette Wilaya avait à sa tête des stratèges ayant pu mettre en place une organisation extraordinaire et contrecarrer les généraux de l'Otan, assurer la sécurité des chefs historiques de la Révolution lors de la tenue du congrès de la Soummam”. Politiquement, “elle a abrité le congrès de la Soummam qui a mis en place la vision de l'Algérie indépendante et ses constantes”. M. Abadou a exhorté les acteurs de la révolution à écrire l'histoire selon le découpage historique, non administratif. D'ailleurs, il a lancé un appel à tous les moudjahidine d'apporter leur témoignage des faits et remettre tous les documents en leur possession. “Nous devons transmettre objectivement l'histoire aux générations futures. Il y a le fait d'âge et la disparition des acteurs. La rapidité dans l'écriture est primordiale”, insiste-t-il. Revenant sur les préparatifs de la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, “c'est une étape importante pour évaluer notre parcours et corriger nos fautes”, dira-t-il. Notons que l'association Mémoire de la Wilaya III est présidée par Mohand Ouamer Oulhadj, figure emblématique ce cette Wilaya avec un bureau composé de 11 membres. A. DEBBACHE