Hier, vers les coups de 13h, quelque 200 à 300 demandeurs de logements et de mal-logés, dont de très nombreuses femmes, ont été violemment dispersés par les forces de police antiémeutes qui n'ont pas hésité à user de leurs matraques à leur encontre. Les protestataires, qui occupaient la chaussée face au siège de la wilaya d'Oran, bloquaient ainsi toute la circulation au niveau de ce carrefour. Plusieurs interpellations ont été effectuées parmi les manifestants, dont certains, face à la charge des policiers, ont pris la fuite par des ruelles adjacentes, alors que des femmes en revanche tentaient de rester sur place malgré tout. Il faut dire que depuis le matin très tôt, un climat d'émeute régnait littéralement à Oran, plaçant les forces de police en état d'alerte au niveau des points stratégiques de la ville. Contre toute attente, cette tension et cette manifestation réprimée ont eu pour point de départ la cérémonie de remise de décisions de pré-affectations de logements à 300 familles vivant dans des bâtisses menaçant ruine au niveau des quartiers les plus anciens de la ville d'Oran. Attendue depuis des semaines, cette opération solennelle qui se tenait au Palais des Expositions de M'dina J'dida, comme voulue par la wilaya, a pris rapidement une autre tournure, puisque cela a attiré des milliers de mal-logés créant, du coup, ce climat d'émeute. En effet, dès 7h du matin, l'afflux de ces demandeurs de logements n'a cessé de grossir autour du Palais des Expositions où un dispositif sécuritaire, sans précédent, avait été mis en place pour contenir la foule qui s'est vu interdire l'accès des lieux. Seules les personnes munies de la convocation administrative ont pu accéder à l'intérieur, avec une orchestration bien rodée de la cérémonie, où les portraits du président de la République étaient en grand nombre et la présence assurée de tout ce qu'Oran compte d'élus et de responsables. Ces pré-affectations de logements sociaux ont surtout attisé la colère de milliers de demandeurs de logements sociaux non concernés, puisqu'il s'agissait en l'état de pré-affectations dans le cadre du programme de Résorption de l'Habitat Précaire (RHP). Tentant de forcer le passage, nombres de ces mal-logés se qualifiant eux-mêmes de “laissés-pour-compte d'Oran”, exhibaient des demandes datant parfois de 1979. Tandis qu'à l'intérieur du Palais, le wali prononçait un discours justifiant le recours aux pré-affectations en attendant l'achèvement des programmes de réalisations, à l'extérieur, les insultes et les slogans fusent de la foule qui n'épargne ni les autorités locales ni le pouvoir. À maintes reprises, des mouvements de foule ont fait craindre le pire, les bénéficiaires desdites pré-affectations devant sortir par une porte dérobée afin d'éviter les milliers de citoyens qui s'agglutinaient aux barrières. Les 300 bénéficiaires des pré-affectations concernées sont issus des quartiers de Sid El-Houari, Derb, El-Hamri, Medioni et la Calère et les sites de logements qu'ils pourront occuper d'ici un voire deux ans sont situés dans les communes de Gdyel, Oued Tlélat ou encore Belgaïd. À noter que pour ce programme de RHP, l'OPGI, après un contrôle du fichier national des demandeurs de logements, a débusqué 467 indus demandeurs dont 265 pour la seule daïra d'Oran. Dans l'après-midi, la tension n'était toujours pas apaisée notamment dans les quartiers populaires de la ville. D. L