C'est le legs de Ziryab, qui a traversé les siècles et les âges, que met en avant cette manifestation culturelle, visible au palais de la culture Moufdi-Zakaria, depuis le 15 janvier dernier. Un héritage que des Algériens ont intégré dans leur culture. Un héritage porté, préservé par des “chouyoukh” qui ont transmis ce riche patrimoine musical, grâce à l'enseignement et la formation, aux générations futures. Organisée par le département patrimoine immatériel et chorégraphie, dans le cadre de Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011, cette exposition a été présentée dans la capitale des Zianides du 13 septembre au 17 novembre 2011. Visible jusqu'au 9 février prochain, cette manifestation est un véritable trésor culturel. Selon une belle scénographie, l'exposition s'articule en dédales, racontant l'histoire d'une musique, la “nouba andalouse”, qui est devenue un repère culturel algérien. C'est une reconnaissance envers tous ces maîtres qui ont sur préserver un art ancestral, séculaire. Certains ont même transcrit des partitions pour la sauvegarde de cet art. “Plus qu'une musique, le patrimoine andalou est l'écho de l'âme d'une civilisation qui continue de marquer l'histoire de l'humanité. Saisir la richesse de cette musique nécessite de l'appréhender dans la diversité de ses sources et dans la durée exceptionnelle de sa formation et de ses évolutions, près d'un millénaire”, est-il écrit en page 8 du catalogue. Aux origines d'une musique millénaire L'atmosphère qui y règne est envoûtante. Elle incite le visiteur à voyager dans le passé, celui de trois villes qui sont devenues des écoles : Tlemcen (gharnati), Alger (san'a) et Constantine (malouf). Dans la première pièce, ce sont les origines de cette musique qui sont racontées à travers affiches et autres photographies : la naissance d'un art, son évolution et la “mosaïque de styles venus d'horizons culturels différents” qui ont enrichi la musique arabe d'Orient. Après cette “mise en bouche”, le visiteur n'a qu'à se laisser transporter, laissant son esprit voguer ça et là, marquant différentes haltes dans le riche parcours de la nouba andalouse. Des photographies, des instruments à l'intérieur de vitrines, des écrans interactifs, pour retracer les moments forts de l'histoire, et “de l'épopée de la musique andalouse”. De Ziryab à nos jours en passant par Ibn Bâjja. Des éclairages y sont apportés, répondant aux différentes questions que se pose le visiteur. Se divisant en plusieurs petites galeries, l'espace consacré à cette exposition se veut une sorte d'encyclopédie, voire une fenêtre ouverte sur un présent flirtant avec un passé lointain et un futur proche. À y faire le tour, on est pris de tournis, tant la beauté de ce riche patrimoine est saisissante. L'esprit se laisse envahir par les différentes sensations, les différents souvenirs, les différentes odeurs de l'encens qui s'en dégagent. On est pris par un sentiment de fierté quand le regard se pose sur les photographies d'illustres personnages qui ont consacré leur vie à étoffer, à chercher, à transmettre un art, une culture. Eux, ce sont des Algériennes et des Algériens pas comme les autres. Ils ont été, et le sont toujours, les gardiens du riche patrimoine musical immatériel algérien. Eux, ce sont cheih Larbi Bensari, les frères Ghaouti et Mohamed Bouali, cheikha Tetma, Maâlma Yamna, les frères Mostefa et Kheireddine Abour, cheikh Abderrahmane Sekkal, cheikh Ahmed Bensari dit Redouane, Mustapha Senouci-Béreksi, Hadj Mohamed Ghaffour, Ma'alem Chaouel (Saül) Durant dit Mouzino, Mohamed Fakhardji, Edmon Nathan Yafil, Sid Ahmed Serri… La liste est longue. Cette exposition, outre son côté instructif est un infime hommage que le ministère de la Culture leur rend. Et c'est mérité. Pour rappel, après Tlemcen et Alger, cette exposition sera visible au mois de mars 2012 à Constantine. A I