Rien ne va plus entre l'Union européenne et la Russie au sujet du conflit tchétchène. Les Européens estiment qu'“une solution politique est la seule issue possible en vue d'une paix durable”. Vladimir Poutine a été mis mal à l'aise par le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, lundi à Bruxelles, lors du sommet UE-Russie, qui a affirmé que “le conflit tchétchène ne peut pas être uniquement considéré comme un problème de terrorisme”. La réaction du président russe, qui s'est déclaré “contre toute concession” à l'égard du mouvement séparatiste tchétchène, renseigne sur ses intentions dans le conflit, opposant Moscou à Grozny. Tout en usant de diplomatie, le patron du Kremlin a laissé entendre qu'il pouvait accepter un processus politique en Tchétchénie, pour peu qu'on arrive à distinguer le terrorisme des questions politiques. Il a même adopté un ton menaçant en lançant en direction de son interlocuteur danois : “soit nous luttons ensemble, soit nous sommes en grand danger.” Pour rappel, les deux parties russe et danoise sont en désaccord sur le problème tchétchène depuis l'arrestation à Copenhague d'Akhmed Zakaïev, dont Moscou réclame l'extradition. Ce différend a irrité Poutine au plus haut point. En effet, il a exigé que le sommet UE-Russie, initialement prévu dans la capitale danoise, soit transféré à Bruxelles sous peine qu'il n'y assiste pas. L'Union européenne a dû accéder à la demande de Poutine. Devant l'insistance du chef du gouvernement danois, qui a même demandé que Moscou autorise la “communauté internationale à se rendre en Tchétchénie pour aider les civils innocents pris dans le conflit”, le président russe a affirmé que son pays “ne se bat pas seulement contre le terrorisme en Tchétchénie, mais contre le terrorisme international.” En dépit de cet accrochage, l'Union européenne et la Russie ont conclu un accord sur Kaliningrad, cette partie du territoire russe qui deviendra une enclave au sein de l'UE après la mise en œuvre de l'élargissement de l'Europe en 2003. Les habitants de Kaliningrad devront traverser la Lituanie, qui fera alors partie de l'UE, pour passer en Russie. À cet effet, “un document de transit facilité”, s'apparentant à un visa à entrées et sorties multiples, sera délivré aux habitants de cette enclave. Moscou et Bruxelles ont également arrêté un plan commun de lutte antiterroriste. Il s'agit d'un plan d'action contre le terrorisme qui se base sur la nécessité d'une coopération renforcée face aux nouvelles menaces, notamment biologiques et nucléaires. Avant de quitter la capitale belge, Vladimir Poutine a eu un entretien avec le secrétaire général de l'Otan, Lord Robertson, qui lui a exprimé le soutien de l'organisation de l'Atlantique nord à la Russie dans sa lutte contre le terrorisme. Robertson a conforté le président russe en lui affirmant que l'Otan “a toujours indiqué que les problèmes qui se posent en Tchétchénie nécessitent une solution aussi bien politique que militaire.” K. A.