Vladimir Poutine est le premier président russe à fouler le sol palestinien depuis le partage de la Palestine historique en 1947. Fort attendue, la visite, historique, d'un chef du Kremlin dans les Territoires palestiniens occupés risque bien de n'être que ce qu'elle promettait d'être: une visite, historique certes, mais qui restera à tout le moins symbolique au vu du contexte qui est celui actuellement du Proche-Orient et du rapport de forces y existant. Et il faut bien admettre que la marge de manoeuvre de Moscou est assez limitée et ne permet pas à la Russie de jouer le rôle qui est le sien et qui était attendu d'elle, en tant que membre du quartette (avec les USA, l'Union européenne et l'ONU) d'une part, de la place qui est censée être la sienne au plan géostratégique mondial, d'autre part. Aussi, il ne faut pas trop se leurrer, tant le dossier israélo-palestinien, semble, durablement, parasité par le duo USA-Israël qui, de fait, interdit toute internationalisation du contentieux proche-oriental sous monopole, ces dernières décennies, d'Israël avec le soutien actif de Washington. De fait, la fraîcheur de l'accueil fait par Israël et les Etats-Unis à la proposition, -faite mercredi au Caire-, du président russe d'organiser une conférence internationale sur le Proche-Orient durant l'automne prochain à Moscou, est indicative de la volonté des Etats-Unis et d'Israël de garder l'exclusivité sur le dossier israélo-palestinien, les Palestiniens et la communauté internationale n'étant en fait que les faire-valoir du processus d'une paix que Washington et Israël veulent américaine et israélienne. Avant de quitter Le Caire, mercredi, après une visite d'une journée en Egypte, le président Poutine avait en effet déclaré à la presse: «Nous proposons une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, avec la participation du quartette et de toutes les parties concernées par les négociations», soulignant: «La conférence internationale que nous proposons découle de la nécessité de relancer le processus de paix», lequel est en fait quasiment gelé depuis sa mise au point par l'ONU, l'Union européenne, les Etats-Unis et la Russie en 2001. De fait, la proposition russe à été fraîchement accueillie par Washington et Israël qui n'entendent pas qu'il y ait interférence étrangère dans leur précarré proche-oriental. D'ailleurs, le message semble avoir été compris car, faisant marche arrière, et démentant quelque peu son président, -qui a bien parlé d'une «conférence internationale» regroupant les principales parties intéressées-, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a indiqué jeudi en Israël qu' «Il y a malentendu. Le président Poutine a proposé la tenue à Moscou d´une réunion d´experts de haut rang dans le cadre du conflit israélo-palestinien». Pour d'autres raisons, les Palestiniens sont, pour leur part, prêts à participer à toute conférence qui puisse aboutir à une solution définitive et permettre l'établissement d'un Etat palestinien indépendant. Ainsi, le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui accueillait hier à Ramallah son homologue russe, Vladimir Poutine, a indiqué: «Nous accueillons favorablement la tenue d´une conférence internationale car les conditions sont réunies et il y a une occasion qui se présente. Nous sommes attachés à l´instauration d´une paix juste avec nos voisins israéliens et à ne pas manquer cette occasion qui se présente». Hélas, les Palestiniens sont bien les seuls à penser ainsi, alors qu'Israël cherche surtout à imposer sa propre conception de la paix et sa solution sans passer par des négociations avec les Palestiniens (cf. le désengagement unilatéral d'Israël dans la bande de Gaza qui prend à contre-pied le processus de la ‘'Feuille de route''). D'autre part, dans la perspective d'aider l'Autorité palestinienne à réorganiser ses services de sécurité et aussi à sécuriser le territoire palestinien, le président Poutine a indiqué: «Nous soutenons les efforts du président Abbas pour réformer les services de sécurité et lutter contre le terrorisme» et a poursuivi en affirmant que Moscou «va continuer à offrir de l´aide à l´Autorité palestinienne pour qu´elle mette en place des réformes et construise un Etat», ajoutant: «Nous examinons actuellement plusieurs options en vue d´une participation de la Russie à la restructuration de l´économie palestinienne». La Russie veut aussi allouer une aide matérielle pour renforcer la direction palestinienne pour «qu´elle impose sa volonté aux extrémistes et s´assure que tous les groupes palestiniens respectent son autorité», a pour sa part déclaré, jeudi à Jérusalem, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. Renforcement de l'autorité des dirigeants palestiniens qui se traduirait, selon des sources palestiniennes, par l'offre faite par Moscou de fournir à l´Autorité palestinienne 50 transports de troupes blindés légers et deux hélicoptères. Sans surprise, Israël a immédiatement fait connaître son opposition à cette offre, estimant sans doute que les forces de sécurité palestiniennes peuvent venir à bout de la violence avec des bâtons et autres gourdins. Toutefois, échaudés par moult promesses non tenues, de la part de la communauté internationale, les Palestiniens attendent de la Russie surtout une aide véritable au plan diplomatique, pour raffermir, autant que faire se peut, le processus de paix de la Feuille de route actuellement en panne du fait de l'intransigeance et du cavalier seul d'Israël. Mais, la Russie a-t-elle actuellement les moyens de sa politique proche-orientale et, partant, pourra-t-elle peser sur les suites qui seront données au contentieux israélo-palestinien afin de mettre un terme à un conflit ouvert en 1947 par le partage de la Palestine? Dans l'état actuel des choses, il est permis de douter.