La Commission européenne va envoyer une équipe de hauts fonctionnaires à Moscou et à Kiev afin «d'établir tous les faits» sur la nouvelle crise du gaz qui oppose les deux capitales et menace l'UE, en vue du prochain sommet européen, a annoncé, jeudi dernier, un porte-parole. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, avait promis, il y a quelques jours à Moscou, d'examiner les moyens d'aider l'Ukraine à régler ses factures de gaz russe. La mission programmée à Moscou et à Kiev permettra de faire un rapport sur la situation destiné aux chefs d'Etat et de gouvernement européens lorsqu'ils seront réunis à Bruxelles, a précisé Barroso dans une lettre envoyée, jeudi dernier, à la présidence tchèque de l'Union européenne. «Je veux vous alerter, vous et vos homologues, sur les nouveaux problèmes potentiels sur l'approvisionnement en gaz russe via l'Ukraine», avait écrit M. Barroso dans cette lettre adressée au Premier ministre tchèque, Jan Fischer. L'Ukraine a, aussitôt, salué la venue de la mission européenne. «Nous sommes ouverts. De surcroît, nous sommes prêts à inviter la partie russe» pour faire toute la lumière sur cette situation, a déclaré à des journalistes le représentant de la présidence, Bogdan Sokolovski. Pour sa part, M. Barroro a fait état dans sa lettre de son appel téléphonique avec le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, à la fin de la semaine dernière. «Il m'a dit que, du point de vue de la Russie, l'Ukraine a besoin “d'environ” 5 milliards de dollars» pour acheter du gaz supplémentaire à Gazprom afin de remplir ses réservoirs de gaz avant l'hiver et il veut que l'UE «aide la Russie» à concevoir une proposition de «prêt» pour l'Ukraine. «Je crois que nous sommes tous conscients qu'une autre crise gazière aurait des implications sérieuses, non seulement pour nos voisins, mais aussi pour l'Union européenne et ses Etats membres», poursuit M. Barroso dans sa lettre. «Mais je veux aussi “éviter” tout jugement rapide sur les actions que l'Union européenne devrait entreprendre. Donc, je demande à une équipe de “hauts responsables de la Commission” d'aller à la fois à Moscou et à Kiev, pour “vérifier”, autant que possible, les faits», lit-on dans le texte. Le président de la Commission entend, également, discuter de la question avec «l'industrie européenne» du gaz. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a mis en garde, mercredi dernier, l'Union européenne contre une possible nouvelle crise de gaz cet été en raison de l'intention de la Russie de cesser complètement l'approvisionnement via l'Ukraine si Kiev serait dans l'incapacité de payer sa part. Sans solution financière, l'Ukraine sera «obligée de pomper le gaz destiné à l'Europe», a prévenu Poutine. «Nous proposons que ce problème soit réglé “avec l'UE”. Mais toutes nos tentatives auprès de la Commission européenne ont été “infructueuses”. Nous n'avons eu “qu'une seule” et même réponse : nous “n'avons pas d'argent pour l'Ukraine”», a-t-il ajouté. L'Ukraine est de tous les pays de l'ex-URSS celui dont l'Union européenne est la plus proche. Elle octroie déjà une importante aide financière à Kiev, touché par une crise économique et politique profonde et sous perfusion du Fonds monétaire international (FMI), qui lui a promis, en novembre dernier, 16 milliards de dollars de prêt. Un précédent conflit russo-ukrainien avait provoqué, en début de cette année, deux semaines d'interruption des livraisons de gaz russe vers l'Union européenne qui achète à la Russie un quart de ses besoins. Or, 80% environ de ce volume transite par le territoire de l'Ukraine. R. E.