Choix d'un nouveau président de la Commission africaine, crises politiques dans le continent, effets de la crise financière sur l'Afrique, l'Afrique dans la mondialisation…ce ne sont pas les dossiers qui manquent au XVIIIe Sommet de l'UA qui s'ouvre aujourd'hui à Addis-Abeba. Une rencontre de grandes manœuvres. D'abord, les chefs d'Etat africains se sont installés dans le tout nouveau siège de leur organisation offert par la Chine. L'UA fait d'ailleurs peau neuve pour la circonstance. L'autre moment le plus attendu sera en effet l'élection pour un mandat de quatre ans des membres de la Commission de l'UA, à savoir, le président, le vice-président et les huit commissaires. La désignation des membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA est plus ardue, plusieurs pays sont en compétition, dont le Cameroun de Paul Biya qui s'est fait réélire dans la tradition africaine, pour un énième mandat. Dans les couloirs de la diplomatie africaine, des grandes manœuvres se sont déroulées dans le silence, comme d'habitude. Le commissaire sortant, le Gabonais Jean Ping aurait les faveurs, mais sa bataille face à la candidate sud-africaine est serrée. Un autre enjeu de ce sommet, est qu'il survient au lendemain d'une année chaotique sur le plan politique pour le continent africain. Les chefs d'Etat reviendront sans doute sur 2011, avec ses conflits en Libye qui ont emporté Kadhafi et avec lui une bonne partie des sources de financement de l'institution régionale. Une crise en Côte d'Ivoire à la suite d'une élection présidentielle qui s'est achevée sur l'éviction de Laurent Gbagbo, aujourd'hui derrière les barreaux à la Haye, alors qu'il était soutenu par une majorité de dirigeants africains. Derrière ces deux évènements majeurs de l'année dernière, une action de l'Occident, de la France en particulier, qui a recouru dans ces deux cas, à la force armée, sabotant les efforts des pays africains et de l'UA destinés à résoudre ces problèmes à travers des solutions africaines, et divisé les opinions. L'UA fera-t-elle le procès de la Françafrique ? Par ailleurs, l'impact négatif de la crise financière internationale sur l'Afrique est de plus en plus évident : des ONG ont déjà tiré la sonnette d'alarme contre une nouvelle résurgence de la famine en Afrique de l'Ouest. De nouveaux dirigeants sont présents à Addis-Abeba : l'Ivoirien Alassane Ouatara, le Conseil national de transition libyen, qui a fait tomber le régime de Kadhafi avec le soutien massif de l'Otan, les équipes dirigeantes en Tunisie et en Egypte, dont les populations se sont débarrassées des dictatures pour confier le pouvoir à des islamistes. Quant aux relations internationales, le continent noir semble dans l'unanimité avoir choisi de se tourner vers son nouvel allié, la Chine. Le pays sera représenté par Jian Quinglin en personne, le président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) qui devait prononcer un discours à l'ouverture des travaux dans le nouveau Centre de conférences de l'UA. Tout un symbole : ce complexe a été construit par la Chine pour qualifier de preuve l'étroit partenariat sino-africain. “La Chine et l'Afrique marcheront côte à côte vers la nouvelle ère”, a commenté l'agence de presse Chine Nouvelle. S'élevant au dessus de tous les autres bâtiments de la capitale éthiopienne (30 étages sur 99,9 mètres de haut), le nouveau siège de l'UA, construit, équipé et meublé, pour la somme de 200 millions de dollars, fournie par le gouvernement chinois, symbolise la montée en puissance chinoise sur le continent. Le cadeau de Pékin montre également que les autorités chinoises ne veulent plus paraître se concentrer uniquement sur l'exploitation des matières premières, les marchés des matières premières et les réalisations. Une image que la seconde puissance mondiale traîne dans le continent et fortement distillée par l'Occident. D. B.