Assumant jusqu'au bout sa position, Moscou a envoyé hier son chef de la diplomatie à Damas pour redire son soutien au régime de Bachar Al-Assad. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, acclamé à Damas par des milliers de Syriens, a estimé que le président syrien Bachar Al-Assad “assumait” ses responsabilités face à la crise dans le pays. “Chaque dirigeant dans son pays doit assumer ses responsabilités”, a déclaré M. Lavrov au début de sa rencontre avec M. Assad, cité par les agences russes. “Vous assumez la vôtre”, a-t-il poursuivi en s'adressant au président Assad. Dans la capitale syrienne, Lavrov a été acclamé par des milliers de personnes rassemblées à Damas pour “remercier” Moscou, grand allié du régime. “Merci la Russie ! Merci la Chine”, scandait la foule rassemblée à Mazzé, à la périphérie de Damas. Le convoi de M. Lavrov s'est frayé un passage au milieu d'une marée de drapeaux syriens et russes, et plusieurs dizaines de personnes se sont précipitées pour le saluer, selon les images montrées à la télévision. Moscou avait annoncé la veille que Lavrov évoquerait à Damas la mise en place rapide de “réformes démocratiques indispensables” en Syrie, où la répression des manifestations a fait plus de 6 000 morts en 11 mois, selon des militants. Pendant ce temps, la France a rappelé pour consultations son ambassadeur “face à l'aggravation de la répression menée par le régime de Damas contre sa population”, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. L'Italie a fait de même après “les inacceptables violences perpétrées par le régime”, selon le ministère des Affaires étrangères. Parallèlement, la Turquie a annoncé le lancement prochain d'une “nouvelle initiative” internationale pour la Syrie après le blocage d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU visant à arrêter l'effusion de sang. “Nous allons lancer une nouvelle initiative avec des pays qui soutiennent le peuple et non le régime” syrien, a déclaré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan sans préciser qu'elle serait cette démarche. Sur le terrain, au moins 15 civils sont morts hier dans des bombardements par les forces du régime à Homs (centre) où quatre soldats ont été tués par des déserteurs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les forces de l'ordre tentaient de prendre d'assaut le quartier-clé de Baba Amr bombardé dès le matin. Près de Homs, à Houla, un adolescent de 15 ans a également été tué. Lundi, la répression a fait 100 morts en Syrie. Au moins 400 enfants ont été tués dans le pays depuis le début de la révolte mi-mars, a indiqué le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). “Il y a des rapports faisant état d'enfants arrêtés arbitrairement, torturés et abusés sexuellement lors de leur détention”, a précisé une porte-parole de l'Unicef, Marixie Mercado. Pour sa part, Damas s'est engagé à poursuivre ses “opérations” contre les “groupes terroristes” à Homs. Ces opérations se poursuivront “jusqu'à ce que la sécurité et l'ordre soient rétablis” et que “toute personne armée qui terrorise les citoyens et met leur vie en péril soit vaincue”, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Le CNS est la principale formation de l'opposition et l'ASL, qui revendique quelque 40 000 combattants, mène des opérations contre les forces du régime. R. I./Agences