Les spéculateurs, dénommés péjorativement “el gazotia”, transvasent une partie du contenu du gaz à partir d'une bonbonne pleine vers une autre vide, ils font ainsi un double bénéfice. Ils étaient des centaines à Djelfa et à Aïn Ouessara avant-hier à se réveiller de bonne heure pour faire la queue devant les stations-service qui distribuent les bonbonnes de gaz butane. Ils ont préféré faire la queue dans le froid que de s'aventurer et attendre un revendeur pour qu'ils soient arnaqués. Ils ne veulent plus payer un centime de plus pour acquérir une bonbonne de gaz butane. Alors ils en veulent un petit peu à ceux (ndlr — les commerciaux de Naftal ou des distributeurs agréés) qui avantagent les spéculateurs en leur accordant des quantités importantes de “bouteilles de gaz”. Ils les dénomment péjorativement “el gazotia”. Ces derniers transvasent une partie du contenu d'une bouteille pleine vers une bouteille vide et ainsi ils font un double bénéfice. Car il faudrait pour l'acquéreur une bonbonne de gaz débourser plus de 500 DA. Comme ils savent que ce n'est qu'une demi-bonbonne dans la réalité, ce sont en fait 1000 DA qu'il faudrait débourser pour l'équivalent d'une bonbonne pleine. Des ateliers de transvasement sont installés un petit peu partout et connus de tous. Les voisins ne dénoncent pas, malgré le danger que cela peut causer. Ils ne le font pas aussi pour bénéficier d'un achat d'une vraie bonbonne à 400 DA, et dans le meilleur des cas une demi-bonbonne à 200 DA. Cette quantité de gaz n'honore pas une nuit entière pour le chauffage. Les revendeurs spéculateurs n'ouvrent leurs magasins ou dépôts aux acheteurs que vers la fin de la journée, c'est une occasion pour tenir à la gorge les habitants des hameaux. Ils sont donc contraints de débourser 500 DA pour chaque “demi-bouteille”. Ce ne sont pas uniquement les distributeurs spéculateurs qui agissent de la sorte. Nous avons vécu des scènes dont voici le résumé : Des jeunes et moins jeunes passent leur temps à faire la queue dans les stations et devant les dépôts de distribution pour revendre par la suite à 500 DA les bonbonnes qu'ils achètent à 200 DA. Ils arguent en s'adressant au prétendant : “Je vous cède une seule bonbonne des cinq que j'ai à 500 DA en compensation de mes efforts et de mon attente dans le froid. Alors le retardataire commence à négocier une deuxième bonbonne. Le revendeur lui déclare alors je vous la cède à 600 DA et je dois refaire encore une fois la queue.” Après d'âpres négociations le marché est conclu et le revendeur d'occasion refait les mêmes gestes plusieurs fois par jour. Rappelons au passage que le 14 janvier 2004 à Birine, commune située à 140 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya Djelfa, des émeutes avaient eu lieu : la cause fut la “fameuse demi-bouteille” les passe-droits, les quotas et autres gestes et comportements qui ont excédé la population. Toutes les infrastructures ont été incendiées et saccagées. Les pertes étaient importantes. Plus d'une vingtaine de jeunes furent incarcérés. Toutes les installations ont été réhabilitées à coups de milliards et le spéculateur n'a pas été inquiété. Est-ce que ceux qui devaient l'inquiéter partagent avec lui le butin des demi-bouteilles ? Djelloul Ould Kheira