La direction de la culture et le comité des activités artistiques de la wilaya de Tizi Ouzou a rendu, dimanche et lundi derniers, un vibrant hommage au chanteur Mouloud Habib, une belle voix de la chanson kabyle durant les années 60/70. Dimanche, au hall d'exposition de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, une exposition de photos et de coupures de presse retraçaient fidèlement la vie et l'œuvre de Mouloud Habib. En cours d'après-midi, le Petit Théâtre de cet établissement a abrité une rencontre-débat avec Mouloud Habib. Agé de 61 ans, l'invité du jour garde toujours sa lucidité et sa clairvoyance. “Le rossignol”, comme le surnomme ses amis, a effectué ses débuts dans la chanson à l'âge de douze ans dans une émission pour enfants animée par le regretté Benhanafi Mohamed avec lequel il partage d'ailleurs une relation presque parentale. “J'ai commencé avec une chanson intitulée Nek I d amjahed amectuh” (je suis le petit moudjahid), écrite par Benhanafi, suivie d'une dizaine de chansons. J'avais chanté également des chansons de Slimane Azem…, avant de rejoindre une autre émission, toujours à la radio, en l'occurrence Ilemzyène (les jeunes).” Mouloud Habib a égrené tant de souvenirs et d'anecdotes, rappelant à chaque passage tous les moments de partage et de bonheur avec des artistes qui ont marqué les années 60 à 80 notamment, Chérif Khedam, Nouara, Abdelmadjid Bali, Medjahed Hamid, Kamel Hamadi, Aït Menguellet, Mohamed Chemoune, Rabah Ouferhat… Nacer Habib, un proche à Mouloud Habib, parlera de cet artiste à travers un autre prisme, celui d'un casseur de tabous au sein même de la cellule familiale. “Da L'Mouloud avait une voix exceptionnelle. Il avait la force et l'audace d'aller chuchoter une chanson à l'oreille d'un oncle agacé et arrive toujours à le distraire et le faire rire, à une ère où chanter était encore tabou !” Durant cette rencontre, Mouloud Habib avait partagé avec le public et les fans présents dans la salle certains titres de ses chansons qu'il a chantés en live, avec chœur suivant le même charisme. Une voix encore pure et un cœur sage qui évoque l'amour avec toute sa splendeur. Né le 8 janvier 1951, au village Azzouza, près de l'Arbâa Nath Irathène, Mouloud Habib quitte cette localité à l'âge de deux ans pour rejoindre Alger. Il sera pris en charge à la Radio nationale par Benhanafi, Madjid Bali, puis par Kamel Hamadi avec lequel il enregistre un riche répertoire. L'une de ses chansons Aldjia, une chanson hymne à l'amour le fait sortir définitivement de l'anonymat. Il chantera d'autres textes composés par Kamel Hamadi et qui le propulseront au devant de la scène artistique, tels Tassadit, Tadjmaât, Ferroudja, Amghar Azemni, Midaada, Avehri. Son riche répertoire renferme plus de quarante chansons, toutes archivées à la Radio nationale chaîne 2. Hier lundi, un spectacle de clôture en hommage à Mouloud Habib avec la participation de grandes figures de la chanson algérienne et des témoignages sur la vie et l'œuvre de l'artiste par sa famille et ses amis a donné lieu à un show exceptionnel. K. T