L'expérience de la Malaisie montre l'importance cruciale qu'il faut accorder aux politiques de croissance à long terme, quelle que soit la pression des évènements courants ! Elle montre qu'aucun pays ne peut se passer de l'adoption d'une politique fermement attachée à l'atteinte de taux de croissance positifs et soutenus. Elle montre, enfin, le besoin pour les pays exportateurs de pétrole de passer d'une “économie de rente” vers “une économie compétitive”. Le succès malaisien s'explique par la planification stratégique ainsi qu'une anticipation et une adaptation correctes des changements dans l'environnement international. L'économie malaisienne a expérimenté : l'import substitution (1950-70), à savoir la réduction des importations de biens de consommation et l'augmentation de la transformation des ressources naturelles pour créer des opportunités d'emploi dans le secteur industriel. Mais le taux effectif de protection était remarquablement bas, 7% en moyenne, à comparer à 92% pour les autres économies se situant à un niveau de revenu semblable ! La combinaison de la promotion des exportations et l'import-substitution (1971-85) dans le contexte de la “Nouvelle politique économique” (NEP), avec l'objectif de la promotion de la croissance et de l'équité, grâce à des taux d'investissement élevés, autour de 35% au début des années 1980. Le rôle de l'Etat s'est élargi à travers les investissements publics et les interventions sur les marchés. À côté de la substitution à l'importation, le gouvernement est devenu plus actif dans la promotion des exportations : caoutchouc, huile de palme, bois, hydrocarbures pour les ressources naturelles et textiles, chaussures, vêtements pour les exportations manufacturières. Les zones de production pour l'export (export processing zones), les zones franches, et les dépôts avec licences de fabrication (licensed manufactured warehouses) ont joué un rôle important dans le succès dans la combinaison de l'import-substitution et la promotion des exportations. Mais la production a baissé et le taux d'investissement est descendu en dessous de 25% du PIB en 1987. L'ajustement et la libéralisation dans le contexte de la Politique nationale de développement (NDP), avec la vision 2020 telle que proposée dans la déclaration du Premier ministre Mohamed Mahatir, “Malaysia, the way forward”. C'est la poursuite de l'équilibre entre la croissance et l'équité, mais avec un rôle plus important accordé au secteur privé en tant que moteur de la croissance. Ainsi est né le système d'économie mixte : le gouvernement trace la direction pour l'ensemble de l'économie et travaille à assurer l'atteinte des buts socioéconomiques. Le secteur privé a la liberté d'opération, il bénéficie du support institutionnel, des infrastructures et des politiques appropriées. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme ! A. B.