Sorti en 2012, le film documentaire de soixante minutes Ils ont rejoint le front a été projeté en avant-première, lundi, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth. Annie, Roberto, Pierre, Félix et tous les autres ont sacrifié leur vie et leur jeunesse pour une Algérie libre. Ces Algériens d'origine européenne ont intégré les rangs algériens en laissant femmes, enfants et tous leurs biens pour combattre aux côtés de grands noms de la guerre de libération. Pour leur rendre hommage, le documentariste Jean Asselmeyer a réalisé un portrait de ces combattants, qui sont également des “témoins précieux” de l'histoire du pays. Sorti en 2012, le film documentaire de soixante minutes Ils ont rejoint le front a été projeté en avant-première, lundi, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth. Réalisé par Jean Asselmeyer, ce documentaire est produit par Jinn Production et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc). Il commence le 1er novembre 2010, avec l'arrivée d'une délégation du sud de la France, accompagnée par l'association France El-Djazaïr, présidée par Bernard Deschamps. Le doc revient sur le passé et le présent, à travers des images d'archives, des coupures de presse et de témoignages émouvants et poignants. Issu d'une famille traditionnaliste de Belcourt, Félix Colozzi retourne dans son vieux quartier pour raconter ses vieux souvenirs. “Je vivais avec ces Algériens, je ne pouvais pas ne pas participer à cette guerre. Les autres Européens n'avaient aucune idée sur la réalité algérienne !” Autour d'un dîner, la moudjahida Annie Fiorio-Steiner est revenue sur ses années passées en prison. Ayant été emprisonnée cinq fois dans les cachots d'Alger, cette mère qui a abandonné ses deux filles pour rejoindre le FLN était fière d'avoir “combattu et été du côté des humiliés. C'était plus un besoin qu'une foi”. Le réalisateur est revenu aussi sur ces grandes personnalités de nationalités diverses, mortes pour leurs idéologies et convictions. On peut citer Fernand Yveton, arrêté pour avoir déposé une bombe à l'usine de gaz d'El-Hamma — il a été guillotiné en 1957 sous les yeux d'Annie et de ses compagnons de cellule à la prison de Barberousse. Ou alors Henri Maillot, qui avait dérobé un camion de chargement d'armes à l'armée française. “Nous étions étonnés de voir un Français voler un camion pour la cause algérienne”, a indiqué dans le doc Zoheïr Bessa, directeur du quotidien Alger Républicain. D'origine argentine, Roberto Muniz, âgé de trente-huit ans, ajusteur de métier, avait pris la dure décision à un âge avancé : “De partir vivre ailleurs pour la liberté d'un peuple.” “Dès le 1er novembre, nous organisions des réunions pour expliquer les problèmes et la situation du pays.” Contacté par le FLN, il intègre rapidement ses rangs pour fabriquer des armes, notamment 100 000 chargeurs et 10 000 armes à feu. “La minorité coloniale n'était pas au courant de la situation algérienne. J'avais choisi mon camp. Ils se sont battus pour la liberté des droits”, avait conclu Pierre Chaulet. Ils ont rejoint le front est la première production sortie dans le cadre de la célébration du cinquantenaire. “Il a pour but de montrer à la jeunesse la colonisation sur toutes ses formes à travers plusieurs personnalités de milieux différents qui se sont battues pour l'indépendance du pays”, a souligné Jean Asselmeyer lors du débat. Ce film a permis de mettre en lumière ces combattants qui se sont donnés à la cause algérienne sans contrepartie, mais qui restent jusqu'à présent dans l'ombre, notamment pour les nouvelles générations. H M