Rentrant de Libye, d'où ils ont ramené un arsenal impressionnant d'armes, islamistes touareg et chefs d'Aqmi, qui s'y étaient également réfugiés, contrôlent désormais le nord du Mali et menacent toute la région du Sahel après en avoir chassé le MNLA, utilisé dans leur offensive contre Kidal, Gao et Tombouctou. Les mises en garde de l'Algérie, quant aux répercussions de la crise libyenne sur le Sahel, si des dispositions n'étaient pas prises pour empêcher que l'arsenal d'armes dont disposait le régime de Kadhafi ne tombe entre les mains des différentes factions touareg et les terroristes essaimant la région, se vérifient désormais sur le terrain. Le coup d'Etat de la junte militaire du capitaine Sanogo aura constitué l'occasion idéale qu'attendaient les rebelles touareg et Aqmi pour lancer leur offensive, eux qui se sont armés jusqu'aux dents en Libye. Tout le nord du Mali est sous le contrôle des islamistes touareg et des chefs terroristes d'Aqmi, qui ont été aperçus d'abord à Gao et ensuite à Tombouctou aux côtés des dirigeants du mouvement Ansar Eddine fêtant leur victoire. Pis, ils menacent désormais le sud du Mali, si l'on se fie aux informations faisant état de mouvement de rebelles aux alentours de Mopti, une ville au sud de Tombouctou. Ce n'est plus qu'une partie, le Nord, du Mali qui risque de devenir une république islamiste, mais tout le pays au vu des moyens rudimentaires de l'armée malienne en totale déroute face aux troupes d'Ansar Eddine renforcées par Aqmi. Tout cela n'est que la conséquence de la politique du double jeu des démocraties occidentales, particulièrement la France, qui encourageait, d'une part, l'accès des islamistes au pouvoir dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, mais ne faisait rien d'un autre côté pour que les armes libyennes ne parviennent pas aux différents groupes touareg et Aqmi. Maintenant que la situation est hors de contrôle, Paris crie au loup dans la bergerie en mettant en garde contre une possible alliance au Sahel entre des Touareg et Al-Qaïda au Maghreb islamique pour s'emparer du Mali. La moitié de cette œuvre a été déjà réalisée avec la prise de tout le nord de ce pays, et à moins d'une intervention militaire d'envergure, rien n'empêchera le groupe d'Ansar Eddine et AQMI d'atteindre la totalité de leur objectif en occupant le sud du Mali. Parlant du groupe Ansar Eddine, qui contrôle depuis lundi la ville de Tombouctou, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, dira : “Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être l'instauration d'un régime islamiste sur l'ensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusqu'au Nigeria. Seule une coopération impliquant l'Algérie, la Mauritanie, les pays de la Cédéao avec le soutien de la France et de l'Union européenne, pourrait permettre de progresser.” Le ministre français souhaite même voir l'Algérie faire la sale besogne à la place de la France, en ajoutant : “Je ne perds jamais une occasion de dire à nos amis algériens à quel point il est important qu'ils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à Aqmi.” Voyant que les intérêts de la France dans cette région sont sérieusement menacés, Paris s'agite. Elle cherche à mobiliser contre le terrorisme, en parallèle avec cette campagne d'arrestation dans les milieux islamistes dans l'Hexagone pour des raisons clairement électoralistes, tout en restant à l'écart. L'Elysée, qui exclut pour l'instant toute intervention militaire française au Mali, pourrait perdre pied au Sahel, si jamais les Américains, dont l'intérêt pour la région n'est qu'un secret de Polichinelle, prennent les choses en main en s'impliquant directement. M T