Résumé : Kamel parle de Paris et de ses splendeurs. La capitale du monde dévoilait ses secrets à tous. Louisa est sceptique. Pourquoi ses beaux-parents habitent-ils alors un lieu aussi délabré ? Son mari lui explique alors certaines choses qu'elle ignorait encore, et lui promet de la rendre heureuse. Je dépose mon stylo. Na louisa s'arrête de parler, et je constatais que la nuit avait envahi les lieux… Nous avions toutes les deux oublié la notion de temps. Je range mon bloc-notes dans ma mallette et regarde cette vieille femme qui, sans hésitation aucune, venait de me dévoiler un pan de sa jeunesse. Elle pousse un soupir : - Tu reviendras demain Yasmina… Cela suffira pour aujourd'hui, je suis fatiguée. - Très bien Na Louisa. Je te remercie… Tu m'as emportée dans ton récit. Je n'ai pas vu le temps passer. - Laissons tes lecteurs sur leur faim pour ce premier chapitre. Je présume que c'est ça le suspens... - Tu en connais des choses toi… répondis-je en riant et en brandissant mon stylo. - Bien plus que tu ne le crois… Reviens et je te raconterais ce qui s'est passé à Paris, puis au village… Je pris congé de Na Louisa en ayant l'impression d'avoir partagé un moment sa vie. Je me rappelle tout d'un coup de mes deux comparses Fares et Hakim. J'étais sensée revenir rapidement, mais ne voila-t-il pas que j'ai passé presque la journée entière auprès de Na Louisa ! Je ressortis dans la nuit noire en me demandant si j'allais retrouver mon chemin. Personne ne m'attendais… C'était logique : Fares s'était marié la veille et Hakim n'était pas obligé de faire le pied de grue sous l'arbre où je les avais laissés tous les deux. Je m'apprêtais donc à remonter le sentier, lorsqu'une main se pose sur mon épaule : - Enfin te voila ! Je me retourne vivement : - Hakim ! Tu m'as fais une de ces peurs ! - Et nous donc… ? Nous avions cru que Na louisa t'avais retenue en otage. Je souris… - En tous les cas la récolte a été bien fertile. - Tu as rempli tes feuilles ? - Bien plus que je ne l'espérais, et ce n'est pas encore fini. Heu…et Fares… ? - Il est remonté… Malika l'attendais pour le déjeuner… Elle nous attendait tous. - Oh… je suis désolée. J'ai totalement oublié. - Tu as raté le déjeuner. - Toi aussi.. - Mais non… je suis remonté avec Fares et nous avons déjeuné ensemble. Puis je suis redescendu pour t'attendre. - C'est gentil à toi Hakim… À vrai dire, je me demandais si j'allais retrouver mon chemin. - Ici, tous les chemins mènent à Rome. Tu n'as qu'à prendre les chemins qui montent… C'est ça un village Kabyle… Un amalgame de pierres, de boue et de terre qui s'enchevêtrent pour former une seule destination. Nous étions arrivés sur la crête, et j'entrevoyais les lumières des maisons. - Nous allons nous rendre tout d ‘abord chez Fares, Malika insiste tant pour te revoir. - Ils doivent recevoir encore des invités. Tu es sûr qu'on ne va pas les déranger ? - Aucunement… Un refus de ta part sera plutôt mal pris… Chez-nous, tout étranger est toujours le bienvenu, et est vite pris en charge. - Paradoxalement, je ne me sens pas du tout étrangère parmi vous. J'ai l'impression de vous avoir tous connus depuis bien longtemps. - Ce qui prouve que tu n'es pas déçue Yasmina. Nous étions arrivés chez Fares. Comme il faisait très doux, on avait disposé des tables basses en plein air, et les invités s'étaient installés sur des tapis chatoyants pour prendre part au dîner. Le décor me plut. Je voulais voir quelque chose d'authentique ou d'original… J'étais bien servie. Malika et Fares nous attendaient : - Ah te voila enfin… J'ai cru, qu'on n'allait plus te revoir. - Je suis désolée… Na Louisa m'avait entraînée dans un récit dont je ne vois pas encore la fin. Je dois d'ailleurs repasser chez elle dès demain matin. - Na louisa ! s'écrie Malika… Tu veux parler de cette ancienne voyante rousse… ? - Oui… Cela t'étonne… ? - Bien sûr Yasmina. C'est une femme qui n'aime pas trop parler de son passé. - Eh bien avec moi elle a été bien loquace. Je regardais Malika. Habillée d'une jolie robe d'intérieur et le visage rehaussé d'un maquillage discret, elle semblait rayonnante. L'image d'une autre mariée, à une autre époque, passe devant mes yeux : Louisa… Elle aussi était heureuse au village au début de son mariage. - Je ne sais pas comment tu as fais, poursuit Malika, mais je t'assure qu'avec Na Louisa, il faut user de la ruse pour lui délier la langue sur son passé. - Je n'ai usé d'aucune ruse… Elle s'est mise elle-même à me parler de sa vie, de son mariage, de son voyage à Paris. - Eh bien, tu as de la chance Yasmina… On ne peut pas le renier… (À suivre) Y. H.