À bien regarder autour de soi dans la rue, notamment dans les villes, l'on s'aperçoit tout de go que rien n'est comme avant. Les vitrines des boutiques sont de plus en plus belles, les gens s'habillent autrement qu'autrefois, avec beaucoup plus de coquetterie et de couleurs, les voitures sont nettement plus design, bref, tout ou presque rappelle que l'Algérie, à l'instar du reste du monde, est bel et bien entrée dans le nouveau millénaire. Il y a comme un décalage. Un monde parallèle. Le monde des personnels politiques, chargés de la campagne électorale, du moins en ce qui concerne la communication non verbale, à savoir le visuel. L'on devine aisément que le train de la modernité les a laissés sur le quai, ces pauvres partisans... de la morosité. Rien à voir avec notre ère. Il suffit de jeter un bref coup sur les affiches et photos des candidats, pour se rendre compte de l'énorme fossé qui existe entre la société et les postulants au scrutin législatif. Comment donner en effet sa voix à de potentiels élus, auxquels l'on ne s'identifie nullement ? Le look, c'est quand même important. Notamment lorsque l'affiche constitue parfois l'unique trait d'union entre les prétendants et les électeurs. En parlant de l'apparence, il est question aussi bien du candidat que de son parti, quand il n'est pas indépendant. Car une affiche, c'est avant tout un message à passer. Un espace de propagande, d'animation et d'embellissement urbain. L'affiche représente une présence de premier plan dans l'environnement visuel du citoyen. Elle est au cœur de son paysage, au quotidien. Et, tel un médicament, elle n'est jamais sans effet. Judicieusement élaborée, elle vous soutient et vous hisse vers le haut, a contrario, maladroitement réalisée, ça vous démantèle ! Quel gâchis ! Chez nous, l'affichage électoral urbain a été assez omniprésent dans nos villes et villages ces dernières semaines. Pas toujours disposé de manière appropriée, il a, faut-il le reconnaître, altéré quelque peu le paysage de par sa conception matérielle archaïque. Il a aussi encombré quelques rues et boulevards des centres-villes et surtout altéré l'image d'une campagne électorale qui se veut jeune et moderne. Elle n'avait en fait rien de jeune ni de moderne, tant ses concepteurs puisent encore et toujours leurs idées d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... Kick Voting Couleurs ternes, slogans passéistes, photos de mauvaise qualité et sans attrait, polices de caractère grossières, et aussi bon nombre de candidates s'affichent “visage caché” et il y a même un postulant dans la position de Jackie Chan, l'acteur des arts martiaux de Hong Kong, prêt à en découdre... Les Algériens avec leur légendaire humour l'ont de suite baptisé le candidat “Kick Voting”. En tout cas, de par son originalité, il n'est pas passé inaperçu. Mais de là à vouloir en faire un député... L'affiche est avant tout un vecteur de communication. Elle contribue également à l'aspect esthétique de l'événement politique. Tout comme elle participe à créer un climat propice aux élections. Mais pour atteindre ce but, les considérations pratiques, artistiques et plastiques devront primer. C'est à dire que le rôle de l'affichage se doit d'être incontestablement confié à des professionnels de la communication institutionnelle, seuls à même de savoir réunir tous les ingrédients nécessaires à un tel objectif. Mais à voir ce qui nous a été, des journées durant, servi sur les panneaux, on est loin du professionnalisme. C'est du mauvais bricolage. Même les moyens matériels et financiers n'ont apparemment pas fait la différence, puisque les “grosses cylindrées” en course n'ont guère fait mieux. Dans ce domaine, l'argent à lui seul ne suffit pas ! Le nerf de la guerre est dans le savoir-faire. Sinon, ça ne rime à rien. Et dire que toutes les formations susceptibles de réaliser 25% et plus, lors du scrutin électoral, se verront rembourser leurs charges de campagne... sur le dos du contribuable. Ne voilà-t-il pas là une occasion de vouloir encore bouder un tel rendez-vous, synonyme de gâchis ? Décidément, c'est pour quand l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ? Ce jour-là, c'est promis, j'irai voter ! R. L. [email protected]