Les supporters de l'USM Alger se sont réveillés hier avec la gueule de bois après la déconvenue enregistrée par leur équipe en championnat national. Pourtant, rien ne présageait une telle catastrophe eu égard aux moyens humains et financiers déployés à l'intersaison. En engageant les meilleurs joueurs à coups de milliards, l'actuel propriétaire du club, Ali Haddad, croyait que cette stratégie allait lui permettre de baliser la route vers le titre national. Au final, les Rouge et Noir sortent bredouilles d'une saison durant laquelle ils ont alterné le bon et le moins bon. Pis encore, les objectifs assignés se sont envolés tour à tour. Après la Coupe d'Algérie et le titre de champion, une participation à la prochaine édition de la Ligue des champions d'Afrique est compromise dans la mesure où la JSMB semble bien placée pour finir l'actuelle saison deuxième au classement. De l'avis des observateurs et spécialistes, des paramètres ont contribué largement à ce fiasco, du moins inattendu. À commencer par le départ de l'entraîneur français, Hervé Renard, le 22 octobre passé, qui avait choisi de reprendre la barre technique de la sélection zambienne. Ayant pourtant réalisé un bon début de saison avec notamment à la clé deux victoires face à l'USMH et au CRB, le maintien d'Hervé Renard à la tête de la barre technique semblait vital pour la stabilité du groupe, mais la direction du club avait décidé d'accéder à la demande du technicien français. Ce n'était pas les arguments qui manquaient aux dirigeants pour le convaincre de rester tant que le nerf de la guerre coulait à flots. Au lieu de dissuader Renard de poursuivre l'aventure avec l'USMA, la direction de Haddad se mettra à la recherche d'un nouvel entraîneur. Tout en promettant d'engager un coach de renom avec comme condition une large expérience africaine, les responsables algérois avaient la possibilité d'enrôler Rolland Courbis (actuellement sélectionneur du Niger), Henri Michel ou Pierre Lechantre (actuellement sélectionneur du Sénégal), pour ne citer que ceux-là. Ces techniciens avaient même affiché leur disponibilité à driver les Rouge et Noir, mais les propriétaires du club vont se rabattre sur un illustre inconnu, Didier Ollé-Nicole (il n'a entraîné aucune équipe africaine). Du coup, l'USMA version Ollé-Nicole va enchaîner les mauvais résultats, ce qui va provoquer une crise à l'intérieur du club. De l'avis de tout le monde, le choix d'Ollé-Nicole s'était avéré une erreur de casting. Même Haddad s'est rendu à l'évidence de la nécessité de rectifier le tir au risque de voir ses objectifs partir en fumée. Et c'est là où l'idée de ramener Ighil avait germé. Sans club après son départ de la JSK, l'occasion était propice pour s'offrir les services de l'ex-sélectionneur national. Tout en poussant Ollé-Nicole vers la sortie en lui proposant le poste de DTS, Haddad avait misé sur la carte Ighil pour redresser la situation. Son arrivée à l'USMA va provoquer le déclic tant attendu. Mieux encore, les Rouge et Noir sont revenus dans la course au titre jusqu'à devenir maîtres de leur destin. Après une série de victoires, les gars de Soustara vont cependant rater la dernière ligne droite en concédant une défaite à domicile face à la JSMB. Un revers qui va coûter cher au club.Outre l'instabilité criante au sein de l'encadrement technique (l'USMA a consommé trois entraîneurs en une seule saison), la présence d'un directeur technique de métier aurait pu éviter un tel échec cuisant. Au lieu de confier ce rôle à un connaisseur du football, Ali Haddad, malgré sa bonne volonté, s'est rabattu sur son frère, Rebouh, auquel il a délégué les pleins pouvoirs. Ali Haddad aurait dû s'inspirer du modèle du Paris Saint-Germain dont les actions ont été achetées par le richissime prince qatari, Tamim Ibn Hamad al-Thani. Ce dernier avait nommé le Brésilien Léonardo à qui il a donné carte blanche pour la gestion du club. Haddad aurait pu faire la même chose au lieu de placer son frère qui n'a été finalement d'aucune utilité, lui qui ne compte aucune expérience dans le monde du football. Mais ce n'est pas tout. D'autres erreurs de stratégie ont été commises par l'actuelle direction durant le mercato hivernal. En effet, si l'on considère que le recrutement a été judicieux à l'intersaison, en revanche, le mercato a été un total fiasco. Alors que le bilan faisait nettement ressortir la nécessité de renforcer la ligne offensive, Rebouh et Mekhazni ont jeté leur dévolu sur le camerounais Serge N'gal. Bien que traînant une vieille blessure et qu'il n'a pas joué pendant une année, Rebouh et Mekhazni se sont entêtés à engager N'gal sans passer par des essais. La suite a donné raison à la presse qui ne comprenait pas sur quel critère a été enrôlé ce joueur qui, au bout, n'a passé que quatre mois (il a joué 210 minutes en tout) chez les Rouge et Noir avant la résiliation de son contrat. Le recrutement de N'gal le mois de janvier passé a contraint Aïssaoui, directeur général, à jeter l'éponge, lui qui était sur le point de ramener le Nigérian Uché Kalu. L'absence d'un attaquant de valeur a fait que l'USMA perd le championnat alors qu'elle avait largement les moyens de s'offrir les services des meilleurs baroudeurs du continent. Maintenant que tout est perdu, il ne reste à l'actuelle direction que de faire un bilan sans complaisance sur une saison ratée afin de mieux appréhender la saison prochaine, pour que, comme il le dit lui-même, “l'argent des Haddad ne part pas en fumée”. N T.