La crise au Mali est plus que jamais préoccupante. L'Algérie, qui partage ses frontières sud avec ce pays voisin, en proie au désordre mais aussi et surtout à la menace terroriste, depuis le putsch du 22 mars, constitue, avec le Niger et la Mauritanie, l'un des pays les plus menacés par cette situation. Désormais, les autorités algériennes ne peuvent plus taire leur grande frustration de continuer à assister léthargique devant cette crise qui “frappe à nos portes”. Tout comme le reste de la communauté internationale d'ailleurs. C'est dans ce sens qu'une rencontre entre le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et une délégation de l'Union européenne (UE), composée des chefs de missions diplomatiques européennes accréditées en Algérie, a été tenue hier à Alger, spécialement pour évoquer la crise au Mali. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, rendu public dans la même journée, lors de cette rencontre, il a été notamment question pour M. Messahel d'exposer à ses interlocuteurs (européens), “l'approche et les initiatives algériennes pour le règlement de la crise au Mali ainsi que pour le renforcement de la coopération entre les pays du champ et leurs partenaires de la communauté internationale, dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et les trafics en tous genres qui sévissent dans la région”. M. Messahel a rappelé, à ce titre, “les urgences auxquelles devait faire face le pays, avec l'appui de la communauté internationale”. Selon le communiqué du MAE, il s'agit notamment du “parachèvement du processus de retour à l'ordre constitutionnel et la mise en place d'un gouvernement consensuel fort et légitime et la préservation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali”. Dans son exposé, M. Messahel a surtout insisté sur “la préservation de l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali, le règlement de la question du Nord à travers l'organisation d'un dialogue avec les rebelles pour la prise en charge de leurs revendications légitimes, la prise en charge de la question humanitaire et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé”. Selon les précisions du MAE, cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre des consultations régulières entre l'Algérie et l'UE, a donné lieu à “une convergence de vues autour de la nécessité du parachèvement du processus constitutionnel et de consolidation des institutions nationales maliennes, et la recherche d'une solution politique à la question du Nord dans le cadre du respect de l'intégrité territoriale du pays”. Hasard de calendrier, cette rencontre algéro-européenne est intervenue au lendemain de l'annonce de la “fusion” du MNLA et d'Ançar Eddine, et l'installation, (par ces deux mouvements), d'un “conseil transitoire” dans le nord du Mali, dit également l'Azawad. Cette fusion entre les deux mouvements les plus influents dans l'Azawad, est-t-il un signe avant-coureur de l'ouverture d'un dialogue entre toutes les parties prenantes du conflit ? En tout cas, outre l'Algérie, c'est tout le mal que souhaitent de nombreux responsables militaires et politiques du Mali, mais aussi et surtout les représentants de la société civile en ces temps où le “petit peuple” est le premier à en faire les frais de la crise. F A