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La Belgique entre les pulsions extrémistes et les lois de la “République”
Tensions bruxelloises autour du niqab
Publié dans Liberté le 03 - 06 - 2012

L'incident qui perturbe depuis plusieurs jours la vie des Bruxellois soulève bien des questions et doit être perçu au-delà d'un simple “fait divers”…
Tout a commencé jeudi dernier. Une jeune femme belge convertie à l'islam portant un voile intégral (niqab) a été contrôlée à un arrêt de tramway dans l'agglomération bruxelloise. Selon Johan Berckmans, le porte-parole de la police de Bruxelles-Ouest, “deux agents en civil ont aperçu la femme assise à un arrêt de tram et lui ont demandé ses papiers d'identité ainsi que d'enlever son foulard. Comme elle a refusé d'obtempérer, elle a été emmenée au commissariat. En chemin, elle a tenté de donner un coup de tête à l'un des deux agents, une femme. Arrivée au commissariat, elle a refusé de collaborer”. Deux policières et la porteuse du niqab ont été blessées lors de cette arrestation mais “finalement, a précisé le commissaire Berckmans, le foulard de la dame a été retiré et elle a été transportée avec une légère commotion cérébrale à l'hôpital. Le parquet de Bruxelles a été prévenu et a décidé de la laisser libre pour être entendue ultérieurement”.
Dans la soirée, probablement alertés par SMS, des contestataires se sont rassemblés devant le commissariat de police de la commune de Molenbeek où Stéphanie, la femme au foulard, avait été emmenée. Des émeutes ont, ensuite, eu lieu dans cette commune à forte densité d'immigrés et un groupe de personnes a tenté, mais en vain, d'investir le commissariat. Lors de ces incidents, un mineur et un majeur ont été interpellés, chacun deux avec pavés à la main. La femme contrôlée pour son port de niqab, qui a déjà fait l'objet de divers contrôles pour les mêmes motifs, se plaint de douleurs à la tête. Un procès-verbal pour port de niqab a été dressé à son encontre et un autre pour rébellion. Philippe Moureaux, le bourgmestre (maire) de cette localité a tenté de calmer le jeu en se rendant sur les lieux. Il a déclaré que “j'étais au milieu de la foule pour parler avec les gens qui étaient sous le coup de rumeurs infondées diffusées par sms. Je leur ai dit que ce ramdam (terme bruxellois désignant le bruit autour de cette affaire, ndlr) ne sert pas à grand-chose et qu'une enquête était en cours. (...) Les débordements ont surtout été causés par un petit groupe habitué à semer le trouble : Sharia4Belgium”. Johan Berckmans a confirmé que la jeune femme portant le niqab semblait proche de Sharia4Belgium surveillée par la Sûreté de l'Etat.
De son côté, le député bruxellois et adjoint au maire (PS) des sports de Molenbeek-Saint-Jean, Jamal Ikazban a, pour sa part, décidé de porter plainte contre la police fédérale après avoir été victime de violences commises par les forces de l'ordre. Ce mandataire d'origine marocaine a envoyé un courrier pour dénoncer ces faits à la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet. Le député détaille le déroulement des faits en déclarant qu'il s'était rendu jeudi vers 21h30 devant le commissariat dans le but de faire cesser les tensions. C'est alors qu'il a été pris à partie par un policier et lorsque M. Ikasban avait signalé sa fonction, le policier lui aurait rétorqué qu'“il fallait mieux faire votre politique”. En ajoutant que ce genre de propos étaient déplacés, le député bruxellois aurait été ensuite poussé par l'un des officiers supérieurs avant d'être menotté, étranglé et plaqué au sol par plusieurs membres des forces de l'ordre. Emmené au commissariat, il aurait été libéré par la police locale. “Qu'il y ait eu, ou non, une violence policière abusive contre la jeune femme arrêtée, j'appelle au calme”, observait Jamal Ikasban, soulignant qu'il fallait “croire en la justice”.
Le maire de Molenbeek décrète son “état d'urgence”
Mais un climat de plus en plus lourd pesait sur la commune de Molenbeek et face à l'ampleur du mouvement et aux émeutes qui ébranlaient sa municipalité, le maire Philippe Moureaux, dit avoir abandonné le dialogue pour la force dans le but de calmer la centaine de personnes qui encerclaient le commissariat de police de la rue du Facteur. C'est dans la perspective de calmer les esprits que le maire de Molenbeek a pris temporairement un arrêté vendredi interdisant tout rassemblement de plus de 5 personnes dans sa localité. De son côté, la ministre de l'Intérieur Joëlle Milquet, qui a condamné les émeutes, a demandé une enquête approfondie sur les circonstances qui ont conduit à de tels débordements.
Stéphanie donne sa version des faits
Vendredi soir, au cours d'une conférence de presse, la jeune femme au niqab s'est montrée réticente à répondre aux questions de la presse et c'est Fouad Belkacem, le porte-parole du mouvement Sharia4Belgium, qui y a principalement répondu en indiquant combien il avait été “fier” de Stéphanie, la jeune femme au niqab arrêtée la veille. “Notre sœur a été tabassée et envoyée à l'hôpital par la police. Elle a pourtant obtempéré aux requêtes des policières en leur montrant sa carte d'identité et son visage. Au commissariat, ils lui ont demandé d'enlever son niqab pour la fouiller. Elle a refusé car notre religion interdit de montrer son corps à des mécréants”, a souligné Fouad Belkacem. “Les policières ont fait venir trois policiers qui ont déchiré son niqab et ses sous-vêtements. Elle a quasiment été étranglée et a tenté de survivre aux ‘serviteurs du diable'. Ils sont alors devenus enragés comme des chiens et l'ont menottée. L'un d'eux a mimé un geste de viol. Elle s'est retrouvée nue devant tout le monde et tous se moquaient d'elle”, a-t-il ajouté.
À son tour, Stéphanie a exposé rapidement sa version des faits. Elle a expliqué avoir donné un coup de tête qui a cassé le nez et deux dents d'une des policières qui la contrôlait par “légitime défense” et dit s'être défendue parce que six policiers l'ont maintenue au commissariat et ont failli l'étouffer. Le représentant de Sharia4Belgium a, par ailleurs, conseillé à la policière blessée de saisir l'occasion de recourir à la chirurgie esthétique “puisque les femmes occidentales aiment tant se positionner en objets de désir”, précisant que si Dieu l'avait voulu, la jeune femme aurait brisé le dos de la policière. Selon lui, l'interdiction du port de niqab en Belgique est une discrimination contre les musulmans. “Les serviteurs du diable, qui ont contrôlé notre sœur, veulent faire la guerre aux musulmans mais jamais ils ne gagneront en Belgique. Ils ont fait les malins avec elle dans leur forteresse mais qu'ils essaient maintenant de faire les malins dans les rues de Molenbeek”, a-t-il poursuivi.
Dans la foulée, Fouad Belkacem a lancé un appel au gouvernement belge : “Si vous voulez atterrir en enfer comme tous les mécréants, c'est votre problème mais laissez-nous vivre comme nous le voulons.” “Nous n'avons pas un gramme de respect pour vous, mécréants, ni pour votre façon de vivre. Notre religion et notre mode de vie sont supérieurs aux vôtres”. C'est sur ces mots que Fouad Belkacem a terminé sa harangue haineuse.
Des manifestants dont des femmes voilées protestent devant le commissariat
Durant la soirée de vendredi à samedi, des manifestants se sont à nouveau massés face au commissariat de Molenbeek. Une autre femme voilée a invectivé le maire de la ville en lui demandant de condamner “l'agression subie” par Stéphanie. Philippe Moureaux — qui n'est autre que le frère de l'avocat Serge Moureaux qui a défendu les Algériens pendant la guerre d'Indépendance — a alors justifié l'imposant dispositif policier mis en place par les forces de l'ordre. “On ne va pas se laisser impressionner par ces gens, ils ne seront pas les maîtres de la rue”. Le quartier autour de la mairie ainsi que le commissariat ont été bloqués et la station de métro Comte de Flandre a aussitôt été fermée pour éviter tout débordement. Pour Philippe Moureaux, “les manifestants ne sont pas de Molenbeek mais ils viennent d'Anvers”, l'un des ports mondiaux les plus importants situé à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Mais alors que le maire tentait de discuter avec des manifestants, un membre de Sharia4Belgium est intervenu pour glisser à son coreligionnaire : “Ne parle pas avec l'ennemi, c'est la guerre avec lui” en pointant l'élu de Molenbeek.
Le Centre belge pour l'égalité des chances, qui lutte contre les discriminations et reçoit des subsides des pouvoirs publics, a décidé de son côté d'introduire une procédure judiciaire contre Sharia4Belgium.
A. M.


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