L'association Machaâl El-Chahid a organisé, jeudi, à la bibliothèque centrale de M'sila, une journée commémorative à la mémoire du président Mohamed Boudiaf, à l'occasion du 20e anniversaire de sa disparition. À cet effet, une conférence retraçant le parcours de Si Tayeb El-Watani a été animée par Me Hocine Zehouane et Tayeb Taâlebi, en présence des moudjahidine. Le premier intervenant, le moudjahid Tayeb Taâlebi, relatera une partie du parcours combattant de Mohamed Boudiaf. Ce fidèle compagnon de Boudiaf, avant, pendant et après la guerre de la Révolution, a lancé un appel aux jeunes de prendre le flambeau et surtout d'exiger la démocratie. “Le flambeau a été confisqué par des opportunistes et des charlatans. Il faut que les jeunes, qui ont toujours voulu avoir une opportunité de faire quelque chose, reprennent le flambeau et exigent la démocratie." L'orateur a rappelé que Boudiaf a été victime de ses idées et de ses principes démocratiques. Cette position lui a coûté cher : la prison, ensuite l'exil, avant de fonder un parti d'opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS), dit-il. L'assistance a aussi parcouru le curriculum vitæ de Si Tayeb El-Watani. Ce grand homme d'Etat, originaire de M'sila, est né en 1929. Adjudant dans l'armée française, il sera envoyé au front durant la Seconde Guerre mondiale. À son retour en Algérie, il travaille aux écritures (services des contributions de la ville de Jijel). Après les massacres de Sétif, Kherrata et Guelma, animé d'un esprit nationaliste, il s'engage dans le mouvement nationaliste algérien. Il commencera à militer au sein du PPA. Il mettra sur pied, avec d'autres compagnons d'arme, l'Organisation spéciale. Recherché par la police coloniale, il part en France et active au sein de la communauté algérienne. Quand il rentre en Algérie, il créera le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dont il sera élu président. Il sera le coordinateur du groupe des 22 qui déclenchera la lutte armée le 1er Novembre 1954. En 1956, il sera arrêté lors du détournement de l'avion civil marocain qui l'emmenait vers la Tunisie avec d'autres chefs historiques, dont Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella... Après l'Indépendance, il entre en désaccord avec le premier président de la République, Ahmed Ben Bella. Il fonde alors un parti d'opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS). Il sera arrêté en 1963 et contraint à l'exil dans le Sud algérien avant d'être libéré. Le régime de Ben Bella le condamnera à mort en 1964. Dès la prise du pouvoir par le colonel Houari Boumediene, il dissout le PRS et s'installe à Kenitra au Maroc. On n'entendra plus parler de lui jusqu'en 1992, précisément en janvier où il sera rappelé pour présider le Haut-Comité de l'Etat (HCE). Son compagnon et ami, le moudjahid Tayeb Taâlebi, s'est arrêté pour céder la parole à Me Zehouane qui s'est interrogé sur les dessous du retour de Mohamed Boudiaf en 1992, à la tête du HCE car, selon lui, “il n'y avait aucune concordance entre ses idées et les options des décideurs de l'époque". C B