Mohamed Boudiaf, homme politique algérien, est l'un des chefs historiques du Mouvement nationaliste algérien. Militant nationaliste, il arrête très tôt ses études et entre dans l'administration. Après la répression sanglante des manifestations pacifiques du 8 mai 1945, il s'engage au sein du Parti du peuple algérien (PPA), puis dans le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), fondés par Messali Hadj. En 1947, il participe à la création de l'Organisation spéciale (OS). L'OS est démantelée par la police française en 1950 et Mohamed Boudiaf, condamné par contumace, entre dans la clandestinité. Envoyé en France par le MTLD en 1952, il milite auprès de la population immigrée algérienne. Au printemps 1954, Boudiaf rentre en Algérie et crée, avec huit autres leaders nationalistes (parmi lesquels Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), qui se prononce en faveur du déclenchement immédiat de la guerre de Libération nationale, menée par le FLN. En août 1956, à l'issue du congrès du FLN dans la vallée de la Soummam, Boudiaf devient membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Mais, le 22 octobre 1956, il est arrêté, avec d'autres chefs du FLN, lors du détournement de leur avion par l'armée française. Interné en France, il poursuit ses activités militantes en dirigeant la Fédération de France du FLN. En 1958, lors de la création du GPRA, il est nommé ministre d'Etat, puis devient son vice-président en 1961.Libéré après la signature des Accords d'Evian, le 18 mars 1962, Mohamed Boudiaf se montre favorable à la dissolution du FLN, une fois l'indépendance obtenue. Il fonde son propre parti, le Parti de la révolution socialiste (PRS) en juin 1963, ce qui lui vaut d'être arrêté et assigné à résidence. Libéré, il s'exile au Maroc, d'où, en observateur critique de la vie politique de l'Algérie, il conserve ses activités au sein du PRS et anime un journal, El Jarida. Il dissout son parti en 1979, à la suite de la mort de Houari Boumediene. Après près de trente années d'exil, Boudiaf accepte de rentrer en Algérie en janvier 1992 pour présider le Haut comité d'Etat après le vide constitutionnel laissé par la démission du président Chadli et l'interruption du processus électoral. A l'arrivée de Tayeb El Watani, le pays est dans un bourbier et impasse politique causés par la violence intégriste, astreignant le président du HCE à prendre la situation en main. Le pays paraît avoir pris conscience de sa décrépitude et de l'impasse dans laquelle il se trouve. Durant les six mois de la présidence du HCE par Mohamed Boudiaf, le peuple a senti un regain de changement dans la pratique du pouvoir. Sa main tendue apparaissait, dès lors, tout aussi sincère qu'ouverte aux profonds changements dont avait besoin la patrie. En 166 jours, Boudiaf met toute sa conscience et son énergie dans sa mission primordiale : le redressement national. Son programme s'est surtout fixé sur le rétablissement de l'autorité de l'Etat, l'éradication de l'intégrisme, la réforme de l'économie et du système éducatif, et surtout donner à la démocratie toutes ses chances et aux libertés individuelles une impulsion nouvelle. Résolument tourné vers la modernité, fondamentalement démocrate, Mohamed Boudiaf, dans ses premiers discours au peuple, a surtout mis l'accent sur la moralisation de la vie publique, la relance de l'économie, et la nécessité d'en finir avec le terrorisme des intégristes qui ont intensifié les attentats et les sabotages contre les objectifs économiques stratégiques, désorganisant l'économie nationale. La mission que s'était fixée Mohamed Boudiaf dont l'objectif était l'élimination de la mafia, la neutralisation des intégristes, la démocratisation du système et la sauvegarde de l'Algérie, a été interrompue un certain 29 juin 1992 à Annaba. Mohamed Boudiaf est mort, mais ses convictions d'une Algérie en marche vers un avenir plus certain, sommeillent encore dans tous les cœurs des patriotes sincères.