Sous le parrainage du ministère des Affaires religieuses et du wakf, et sous le slogan “Les hommes partent, les actes et les traces restent", un colloque sur le savant (amusnaw) cheikh Arezki Charfaoui, du village de Cheurfa, s'est tenu dernièrement, pendant deux jours, à la zaouïa de Cheurfa n'Bahloul. L'ouverture du colloque a été présidée par le directeur des affaires religieuses, Hadj Mohand Ouidir Saïb, en présence du chef de la daïra et du P/APC de Azazga. De nombreux invités et visiteurs, venus des quatre coins de la Kabylie et même d'autres wilayas comme Constantine, Béjaïa, M'sila, Boumerdès, Blida, Bordj Bou-Arréridj entre autres, y étaient. Après la lecture d'un verset coranique par un taleb de la zaouïa, les travaux du colloque ont débuté avec, à la clé, plusieurs conférences et communications présentées. Le programme des interventions a été réparti en quatre volets principaux : L'environnement politique, social et culturel du temps de cheikh Arezki Charfaoui Al-Azhari ; sa vie, son activité dans le mouvement national ; ses efforts dans les mouvements réformistes et scientifiques ; les Zouaoua dans le Machreq arabe. Parmi les communications présentées, on retiendra celle relative à la vie et à la personnalité de cheikh Arezki Charfaoui et son activité dans le mouvement national, des thèmes qui seront traités par les professeurs Mohamed El-Hadi El-Hosni et Mohamed Amokrane Isli. On relèvera, à juste titre, dans un point de presse présenté par le responsable de la zaouïa, que cheikh Arezki Charfaoui, qui a rejoint l'égypte en 1907, était le premier étranger à avoir intégré Djamaa El-Azhar, malgré le règlement officiel de l'université interdisant aux étrangers d'intégrer Al-Azhar. De par sa grande culture et son intelligence, il a su déjouer cet obstacle et imposer sa forte personnalité de fort belle manière au sein de ce prestigieux établissement où il a étudié non seulement les sciences de la charia et les sciences appliquées, mais aussi les langues, les mathématiques, l'astronomie, avant de devenir lui-même enseignant. Il a rédigé de nombreux ouvrages et contribué, grâce à sa plume, dans de grands journaux égyptiens de l'époque. Son passage à Djamaa El-Azhar n'est pas passé inaperçu ; plus que ça, il a élargi son aura au sein de la diaspora des oulémas en Algérie et en Arabie. En 1921, à son retour en Algérie par bateau, il a eu un accueil digne des grands oulémas au port d'Alger, et fut dirigé aussitôt vers un grand hôtel où il fut honoré. Les responsables des affaires religieuses, qui connaissaient la valeur intellectuelle du cheikh, voulaient lui proposer de rester à Alger pour enseigner dans un grand institut de la capitale, mais c'était compter sans cet émissaire de la zaouïa de Sidi Abderrahmane El-Illouli qui est venu persuader le cheikh de venir en Kabylie où on avait le plus besoin de lui. Pendant plusieurs années, les étudiants (talebs) bénéficièrent de son savoir. Personne n'ignore les vertus dont faisait montre le grand disparu, des vertus dignes des grands oulémas, telles que la compétence scientifique dans les disciplines de la charia, l'appréhension profonde de ses finalités, mais aussi la modestie et la douceur de caractère. Il occupait ainsi un rang distingué difficile à remplacer au service de la cause de la religion islamique tolérante. De nombreux séminaristes et les témoignages de ses anciens élèves mentionnent les vertus que lui reconnaissent tous ses compagnons ou amis, intellectuels et universitaires qui l'ont côtoyé. Il faut ajouter à cela un autre mérite à cet homme de culture et cultivé, celui d'un moudjahid. Ils évoquent cette rencontre que cheikh Arezki Charfaoui eut avec Hocine Aït Ahmed, les 3 et 4 novembre 1943, à Cheurfa. Son engagement dans le mouvement nationaliste et ses qualités intellectuelles, qui lui permettaient d'enseigner aussi les bases de lutte contre l'ennemi, lui valurent plusieurs arrestations et même des comparutions et des condamnations devant le tribunal de Azazga.