Le chef de l'Alliance des forces nationales, Mahmoud Jibril, a appelé dimanche soir les autres partis politiques à l'unité, au moment où le pays attendait les premiers résultats officiels des élections historiques de samedi. Celui qui fut le Premier ministre du Conseil national de transition lors du soulèvement contre Mouammar Kadhafi demande aux quelque 150 partis politiques existant de s'unir pour former une grande coalition gouvernementale. Chef de l'Alliance des forces nationales, Jibril devrait remporter le scrutin de samedi, mais les résultats officiels n'ont pas encore été publiés. Le Parti de la justice et de la reconstruction, aile libyenne des Frères musulmans, n'a pas encore réagi à la proposition. D'autres islamistes seraient, en revanche, prêts à entamer des discussions. “Nous adressons un appel sincère pour un dialogue national, en vue de s'unir tous ensemble (...) sous une seule bannière, pour parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la Constitution peut être rédigée et le nouveau gouvernement peut être formé", a déclaré Jibril, quelques heures après que le secrétaire général de l'alliance, Faïçal al-Krekchi, a estiméque la coalition était en tête dans la plupart des circonscriptions électorales. “Lors des élections d'hier, il n'y avait ni perdant ni gagnant. La Libye est le seul véritable vainqueur de ces élections", a-t-il déclaré encore. Avant lui, le chef du principal parti islamiste, issu des Frères musulmans, Mohamed Sawan, a reconnu de son côté une nette avance à Tripoli et Benghazi de l'Alliance de Jibril qui réunit une soixantaine de petites formations autour d'architectes de la révolte de 2011. Si la victoire de l'alliance se confirmait, la Libye ferait exception par rapport à ses voisins tunisiens et égyptiens, touchés par le Printemps arabe et où les islamistes ont pris le pouvoir après les premières élections ayant suivi la chute des anciens régimes. Les premières estimations des partis portent sur les 80 sièges réservés aux listes des formations politiques dans la prochaine Assemblée qui compte 200 membres. Pour les 120 sièges réservés aux candidats individuels, la tendance devrait être la même, dans la mesure où une majorité des candidats sont soutenus par des partis politiques. Malgré des violences et des actes de sabotage de militants autonomistes dans l'Est, les Libyens ont réussi leurs premières élections libres dans une ambiance festive, après des dizaines d'années de dictature sous le régime de Mouammar Kadhafi. D'ailleurs, la communauté internationale n'a pas tari d'éloges sur le déroulement du processus électoral. Le président américain, Barack Obama, a adressé ses félicitations au peuple libyen. “une autre étape importante de leur extraordinaire transition vers la démocratie", a-t-il déclaré. La première Assemblée élue libyenne devra désigner ses représentants dans le comité chargé de rédiger la future Constitution. La composition de celui-ci devrait faire l'objet d'un nouveau scrutin, et chacune des trois régions du pays y enverra 20 membres. En attendant, le Congrès général national, dénomination de l'Assemblée, devra choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT qui devrait être dissous lors de sa première session. D. B