“On découvre que nous n'avons plus d'économie." Cette sentence prononcée par le président d'honneur du Forum des chefs d'entreprise, Omar Ramdane, résume, à elle seule, l'état général de l'économie algérienne, “diagnostiqué" par le dernier recensement effectué par l'Office national des statistiques. Les résultats préliminaires de la première phase, “les résultats définitifs seront connus dans quelques jours", les objectifs et la méthodologie ont été présentés, hier, lors d'une rencontre organisée par le FCE au siège MDI-Business School à Chéraga (Alger). Que révèle le recensement économique : une économie de bric et de broc, pour paraphraser l'économiste Abdelmadjid Bouzidi. L'économie nationale hors agriculture et hors hydrocarbures est une économie de bazar dans le plein sens du terme. Les résultats préliminaires exposés par Hamid Zidouni, directeur général adjoint de l'ONS, donnent froid dans le dos. 1 020 058 entités ont été recensées sur tout le territoire national, soit 959 718 entités économiques, représentant 94% du total et 60 340 entités administratives. Le tissu économique est fortement dominé par les personnes physiques (90,6%) contre 9,4% pour les personnes morales. Ce résultat est révélateur d'une économie basée essentiellement sur des micro-entités. La répartition des entités économiques par grand secteur d'activité montre clairement la prédominance du secteur commercial avec un total de 528 328 entités soit 55,1% de l'ensemble des entités. Plus de 84% de l'activité se concentre sur le commerce de détail. Le reste se partage entre le commerce de gros et le commerce d'automobiles et de motocycles. En seconde position, vient le secteur des services avec 325 442 entités. La panoplie des activités relevant des services est très large. Environ 26% des entités du secteur des services exercent leur activité dans le transport avec ses différents modes et l'entreposage, 18,7% sont dans l'activité de restauration, 15,2% dans les autres services personnels, 10,2% dans les télécommunications (y compris les taxiphones), 5,4% dans les activités juridiques et comptables, 5,3% dans les activités pour la santé humaine (médecins privés, chirurgiens privés, dentistes...). Ce qui dénote clairement le caractère tertiaire de l'économie nationale. Le nombre d'entités industrielles recensées est de 97 202, seulement 10,1% du total des entités. 23,4% activent dans les industries agroalimentaires (travail du grain, lait et produits laitiers, boissons, etc.), 22,7% dans la fabrication de produits métalliques, 10,5% dans l'habillement, 2,1% dans le travail du bois et la fabrication d'articles en bois et en liège, 1,3% dans le textile, 1,6% dans la réparation et l'installation de machines et d'équipement. L'industrie des années 1970 a fait long feu et le tissu industriel actuel est réduit à la petite transformation de matières premières importées. “L'économie algérienne se délite", constate Abdelmadjid Bouzidi, soulignant l'urgence “de sa reprise en main". L'autre indication du recensement est que le tissu économique est fortement dominé par le secteur privé qui compte 920 307 entités, soit près de 96% du total. La part du secteur public se situe à 2,4%, quant aux entreprises mixtes et étrangères, elles représentent 1,7% du total. Le commerce occupe la première place dans le secteur privé, 512 549 entités, soit 55,7%. Avec 431 916 entités, le commerce de détail représente près de 84,3% dans le commerce total. Les industries manufacturières englobent 89 787 entités représentant 9,7% du total. Elles sont dominées par les industries agroalimentaires qui comptent 21 731 entités, soit 24,2%, suivies de l'industrie de l'habillement (10,9%). Ce qu'il faut également souligner, c'est la dévitalisation des territoires. La répartition régionale des entités économiques indique que près de 634 220 entités sont concentrées au niveau de la région nord du pays, soit deux tiers de l'ensemble des entités économiques. 13 wilayas sur les 48 regroupent plus de 50% des entités économiques. En attendant la deuxième phase, qui est une enquête de structure dont le lancement est prévu au courant de cette l'année, les résultats préliminaires de la première phase devraient interpeller les pouvoirs publics sur la situation de l'économie algérienne, essentiellement rentière. M R